Prudence avec les crèmes solaires qui contiennent de l'oxybenzone. Bien qu'il ne soit pas interdit, ce produit chimique, utilisé dans la fabrication d'écrans solaires destinés tant aux adultes qu'aux enfants, suscite des inquiétudes.

Des études menées sur des animaux ont démontré que l'oxybenzone est un ingrédient hautement allergène. Mais surtout, ce filtre chimique traverse la barrière de la peau pour pénétrer dans le corps. Il peut se retrouver dans le sang et l'urine.

À ce jour, peu d'études ont toutefois été menées sur des humains, encore moins des études cliniques à grande échelle. Les risques n'ont pas été clairement établis.

D'ailleurs, ni Santé Canada ni la Food and Drug Administration n'ont cru bon d'émettre un avertissement toxicologique concernant ce produit. L'Union européenne, en revanche, oblige les compagnies à indiquer clairement sur le contenant que le produit contient de l'oxybenzone.

Au début de l'été, le groupe américain Environmental Working Group a relancé le débat en publiant une évaluation de près d'un millier de produits solaires sur son site internet.

Résultat : plusieurs ont été jugés inadéquats, soit parce qu'ils n'offrent pas de protection suffisante, soit parce qu'ils contiennent certains ingrédients jugés douteux, comme l'oxybenzone.

Faut-il s'en inquiéter et jeter les crèmes qui en contiennent, surtout celles destinées aux enfants?

«Beaucoup de gens peuvent qualifier ce produit d'un peu douteux, mais il n'est pas nécessairement problématique. C'est certain que si quelqu'un a la peau sensible et qu'il veut éliminer tout risque de réaction allergique - c'est tout de même clairement documenté -, il est préférable d'utiliser un écran qui ne contient pas ce produit», explique le Dr Ari Demirjian, dermatologue à la Clinique privée de dermatologie de Montréal.

On trouve deux types d'écrans solaires sur le marché. Le premier, chimique, contient des ingrédients comme l'oxybenzone. Le second, plutôt qualifié d'écran physique, est fait à base de dioxyde de titane.

«C'est un choix personnel. La population doit en être informée, mais ce n'est pas à moi de dire de l'utiliser ou pas», dit le Dr Demirjian.

Comme les enfants de moins de 2 ans sont les plus sensibles, le médecin ajoute que les parents inquiets qui veulent maximiser la protection et limiter l'utilisation des produits chimiques peuvent utiliser un écran physique.

Il reste que la meilleure façon de se protéger du soleil est de porter un chapeau et des vêtements longs, et d'enduire de crème solaire les surfaces de peau qui restent exposées, rappellent les dermatologues.

«Les écrans solaires sont efficaces et sûrs ; le problème, c'est que les gens ne les utilisent pas assez et s'y fient trop», souligne le Dr Joël Claveau, dermatologue à la Clinique du mélanome et des cancers cutanés à l'Hôtel-Dieu de Québec.

Il ne croit pas qu'il faille s'inquiéter de l'oxybenzone. En fait, il faudrait plutôt s'inquiéter de l'augmentation du nombre de cancers de la peau. «Je vois passer de 25 à 30 nouveaux cas par semaine à mon bureau», déplore le Dr Claveau.

L'été pluvieux n'arrange pas les choses. Les gens ont l'impression qu'il n'est pas nécessaire d'appliquer une protection solaire lorsque le ciel est nuageux, ce qui est faux.

Danger dans les cabines

Par ailleurs, les cabines de bronzage figurent désormais parmi les agents cancérigènes les plus dangereux. Une étude menée par le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l'Organisation mondiale de la santé, révèle que le risque de cancer de la peau grimpe de 75% chez les personnes qui fréquentent les cabines de bronzage avant l'âge de 30 ans.

Le risque que posent les cabines de bronzage et l'exposition aux rayons ultraviolets est désormais considéré comme aussi élevé que l'arsenic, indique l'analyse, publiée sur le site internet du magazine The Lancet Oncology.

- Avec AP