Nouvelle mode chez les uns, habitude de vie chez les autres, l'usage de la chicha (ou narguilé) est de plus en plus courant chez les jeunes Nord-Américains. Selon une étude dévoilée hier par l'Université de Montréal, l'Institut national de santé publique du Québec et l'Université McGill, 23% des jeunes âgés de 18 à 24 ans ont fumé la chicha dans les 12 derniers mois et 5% d'entre eux l'on fait une fois ou plus dans le dernier mois.

«Les chiffres ont triplé. Seulement 8% avaient essayé la chicha en 2006», a dit hier Jennifer O'Loughlin, chercheuse principale dans cette étude. «La fumée de chicha contient de la nicotine, du monoxyde de carbone et des agents cancérigènes, tout comme les cigarettes. Mais les gens ne le savent pas. Une chicha est l'équivalent de 100 cigarettes. C'est encore plus nocif.»

 

Les mythes culturels entretiennent une image positive de ce phénomène social. «L'accès facile dans les dépanneurs ou sur l'internet, contrairement aux cigarettes, ou encore son aspect convivial, laissent croire que la chicha n'est pas dangereuse. Les différents parfums de fruit donnent l'impression aux jeunes que c'est bon pour la santé. Ils ont tort.»

Les bars à cigares de Montréal cautionnent également la consommation de la chicha auprès du jeune public.

Inquiète de cette évolution dans les habitudes des jeunes, Jennifer O'Loughlin veut fournir à travers cette étude, parue dans la revue Pediatrics, «un outil pour éviter une nouvelle épidémie tabagique. On ne peut pas prédire l'avenir, mais si ça devient aussi populaire que la cigarette, il faut agir tout de suite pour prévenir les problèmes de santé futurs.»

Cette pratique orientale est très peu réglementée. La composition chimique des pastilles de tabac à narguilé n'est pas connue. «L'étape essentielle serait d'informer les gens sur ce qu'ils consomment. Surtout quand on sait qu'un tiers des jeunes qui fument la chicha ne fument pas la cigarette. On a diminué l'usage du tabac dans les dernières années. Il ne faut pas que ceux qui ont arrêté de fumer passent à la chicha en pensant que c'est moins nocif.»