Vous pensiez que seuls les enfants s'amusaient au parc? Détrompez-vous! Déjà populaires dans les pays scandinaves, aux États-Unis et en Chine, les «gyms» extérieurs font maintenant leur apparition au Québec. Les appareils poussent comme des champignons, amenant du coup une nouvelle façon de se mettre en forme.

À Candiac, sur la Rive-Sud, on a installé huit appareils au parc de la Promenade l'an dernier. D'ici deux semaines, trois stations s'ajouteront et compléteront le circuit d'entraînement. Raymond Guilbault, 64 ans, fait ce circuit tous les deux jours, avant de poursuivre sa promenade le long du fleuve. «Depuis que je suis en logement, je bouge moins. J'aimerais perdre un peu de poids. Ces exercices me permettent de me mettre en forme et de profiter du grand air. C'est agréable.»

 

«Depuis la mise en place des premiers équipements, on remarque un gain de popularité, les gens s'en servent régulièrement, indique Denys Patenaude, directeur du service des loisirs à Candiac. On pensait attirer surtout une clientèle âgée, mais on trouve des utilisateurs de tous les âges. L'entraînement en salle ne plaît pas à tous. Au parc, les gens s'entraînent dans le calme, entourés de verdure et du fleuve.»

«La formule est très intéressante. C'est encore rare au Québec, mais ça risque d'émerger rapidement. On souhaite que les aînés bougent davantage, mais peu d'installations leur sont destinées. Les circuits d'entraînement en plein air sont plus accessibles et moins intimidants qu'un centre sportif», affirme Isabelle Dionne, professeure à la faculté d'éducation physique et sportive et responsable du programme de doctorat en gérontologie de l'Université de Sherbrooke.

Les équipements font peu à peu leur entrée dans les centres de personnes âgées, les campings, les hôtels, les hôpitaux, mais surtout dans les parcs des municipalités. D'ailleurs, on trouve depuis peu des gyms extérieurs à Montréal, à Québec, à Gatineau et à Granby. «L'arrivée de ces modules d'entraînement coïncide avec un engouement sans précédent pour les formules plein air. Les Québécois souhaitent de plus en plus bouger dehors», indique Isabelle Dionne.

Entreprise en plein démarrage, Trekfit saisit la balle au bond et offre des modules d'hébertisme urbain au design minimaliste. Des bancs, des échelles horizontales, des barres parallèles. «Le but est de donner aux gens une plateforme d'entraînement gratuite en plein air. Les adultes peuvent ainsi s'entraîner et s'amuser à leur guise, avec leurs parents ou leurs enfants. On rend les gens plus autonomes face à l'activité physique en leur donnant des outils», indique Eric Tomeo, président. Cofondateur de la société, le kinésiologue Alexandre Paré a conçu divers programmes d'entraînement ciblés et propose des exercices pour débutants ou avancés à chacune des stations. «Si vous faites le tour de tous les appareils, vous aurez fait travailler tout votre corps, et ce, en peu de temps», dit Eric Tomeo.

Certains types d'appareils mobiles, moins polyvalents, conviennent moins aux mordus de l'entraînement. «On ne peut ajouter de poids aux appareils, la résistance est faite avec 33% du poids du corps. Les personnes qui s'entraînent régulièrement n'y trouveront pas leur compte, mais on vise le reste de la population», dit Ghislain Lessard, directeur des ventes et du marketing pour Tessier Récréo-Parc.

«Les cours de groupe autour de ces équipements peuvent être particulièrement motivants», croit Isabelle Dionne. À Candiac, on propose des séances d'information régulières. «Pendant l'été, une professionnelle de la mise en forme est sur place plusieurs soirs par semaine pour guider les gens et s'assurer qu'ils font les exercices qui leur conviennent», dit Denys Patenaude. Sur les affiches, on explique les mouvements à faire.

Comme pour tout exercice, il y a des risques de blessures. «Il est souhaitable de montrer d'abord aux gens comment bien faire les exercices. Si les programmes sont faits par des kinésiologues, c'est encore mieux.» Les adultes retrouveront-ils le plaisir de s'amuser au parc?

 

Photo: David Boily, La Presse