Malgré la controverse lorsque la campagne de vaccination contre le VPH a été lancée au Québec, le taux de couverture des jeunes filles visées y atteint 80 pour cent, l'un des plus forts taux au plan international

«On pourrait se satisfaire (de ce taux). C'est sûr qu'on est dans le peloton de tête au niveau international.» Mais les autorités politiques de la santé aimeraient «que le Québec vise encore plus haut», a affirmé en entrevue le Dr Marc Steben, président de la 26e conférence internationale sur le virus du papillome humain, qui se tient cette semaine à Montréal.

Le Dr Steben est également président du comité sur les infections transmises sexuellement à l'Institut national de santé publique du Québec.

L'Ontario, à titre de comparaison, atteint un taux de 50 pour cent.

Et les Etats-Unis, qui n'offrent pas le système de vaccination dans le milieu scolaire, affichent un taux encore bien plus bas, bien qu'il s'agisse d'un pays très développé, a déploré pour sa part l'épidémiologiste médicale Mona Saraiya, du Center for Disease Control and Prevention, aux Etats-Unis.

La vaccination contre le virus du papillome humain vise notamment à prévenir les cas de cancer du col de l'utérus, mais aussi des cas de cancer anal et du pénis chez l'homme.

La vaccination permet aussi d'éviter des cas de condylomes, de lésions au col et même de verrues dans l'appareil respiratoire des enfants, a indiqué le docteur Steben.

Le Québec a lancé sa campagne à l'automne 2008 et, à l'époque, certaines critiques s'étaient fait entendre contre ce vaccin, notamment chez des groupes de femmes, puisque le nombre de cancers du col de l'utérus est relativement peu élevé comparativement à d'autres cancers.

Le Québec rapporte environ 325 cas de cancer du col de l'utérus par année, a précisé le Dr Steben, et 80 décès. Mais il rapporte aussi bien des cancers de la vulve, du vagin ou de l'anus.

Bien que l'on puisse aussi vacciner les garçons pour protéger indirectement les jeunes filles, cette voie n'a pas été choisie par les autorités de la santé, a souligné pour sa part le Dr Marc Brisson, professeur au Département de médecine sociale et préventive de l'Université Laval, qui a rencontré la presse, lundi, dans le cadre de la conférence.

Il croit que le fait de vacciner les garçons ne serait «pas coût-efficace» à ce stade-ci, étant donné que le taux de vaccination des filles atteint 80 pour cent au Québec et que les garçons sont déjà indirectement protégés par la vaccination des filles.

«Si on a une couverture assez haute chez les filles, on va avoir une protection indirecte chez les garçons. A ce moment-là, les garçons sont quand même en partie protégés. Vacciner les garçons, vu qu'ils sont déjà indirectement protégés par les filles ne serait pas coût-efficace, ne serait pas jugé, au coût présent du vaccin, comme étant une intervention coût-efficace», a opiné le docteur Brisson.