Les personnes qui ont étudié plus longtemps sont mieux armées contre la démence, selon une étude publiée dans l'édition en ligne de la revue Brain, le 26 juillet. Ces résultats confirment une série d'études, menées ces dix dernières années, qui montrent qu'une scolarité plus poussée réduit le risque de souffrir de démence, définie comme une «perte des fonctions intellectuelles», dont la mémoire, le sens de l'orientation, la capacité à calculer, le langage, l'attention et la réflexion.

Carol Brayne, professeur d'épidémiologie de l'université de Cambridge, qui a dirigé les travaux, a découvert que c'est dans la réaction à la démence que se révèle l'intérêt d'avoir fait des études longues.

«Les personnes ayant différents niveaux d'études ont des pathologies cérébrales similaires, mais ceux qui ont fait plus d'études sont mieux capables de faire face aux effets de la démence», notent les chercheurs.

Selon un communiqué de l'université de Cambridge datant du 24 juillet, «chaque année d'études supplémentaire» réduit le risque de démence de 11%.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime à plus de 29 millions le nombre de personnes souffrant de démence dans le monde, et prévoit que «l'Afrique, l'Asie et l'Amérique Latine, ensemble, pourraient réunir plus de 80 millions de personnes souffrant de démence d'ici 2025».

Hannah Keage, coauteur de l'étude et chercheuse à Cambridge, explique: «Les études au début de la vie semblent permettre à certaines personnes de faire face à de nombreux changements dans leur cerveau avant de montrer des symptômes de démence.»

Carol Brayne renchérit: «Les études sont connues pour être bonnes pour la santé et l'équité de la population. Cette étude apporte un argument de poids en faveur de l'investissement dans des éléments au début de la vie, qui devraient avoir un impact sur la société et l'ensemble de la vie ensuite.»

Dans le même sens, Lon White, chercheur et neuroépidemiologiste au centre médical Kuakini à Hawaï, explique qu'«un faible accomplissement dans les études (qui reflètent l'expérience dans l'enfance) et du stress pendant la vie adulte semblent être des facteurs de risque légitimes pour un début tardif de démence», interrogé par Relaxnews, le 25 juillet. Et d'ajouter: «Tout le monde voit le phénomène, et personne ne le comprend vraiment.»

L'OMS prédit que «le vieillissement de la population mondiale aura inévitablement pour résultat une hausse conséquente du nombre de cas de démence. Le risque de développer cette pathologie augmente de façon importante avec l'âge, chez les personnes de plus de 60 ans. Les possibilités de prévention et de traitement sont limitées.»

«C'est particulièrement intéressant, car la majeure partie des études se déroulent dans l'enfance, alors que la démence est à l'autre bout de la vie», note Lon White, qui ajoute que «la prévalence de démence double tous les 5 à 7 ans après l'âge de 60-65 ans, et affecte environ 50% de la population autour de 90 ans».

«Mon hypothèse est que la majeure partie du phénomène est liée à une plus grande éducation dans l'enfance qui stimule le cerveau pour qu'il développe un 'logiciel' de sauvegarde en excédent qui puisse faire face à tous les défis possibles... Mais nous espérons tous que quelle que soit la façon dont fonctionne cette stimulation, elle soit toujours opérante dans la vie adulte, et permette de continuer à construire nos réserves cognitives ('logiciels'), peut-être avec un effet allié sur le nombre de neurones et les connexions sur lesquels nous nous reposons à la fin de la vie», expose Lon White, qui précise: «Mais ce n'est guère plus qu'une hypothèse et un espoir».

Lon White n'a pas participé à l'étude dirigée par Carol Brayne, mais a également publié un article dans la revue Brain le 17 juillet sur les facteurs de stress au cours de la vie adulte et l'accomplissement dans les études, en tant que facteurs de risques favorisant le développement d'une démence.

Etude «Education, the brain and dementia: neuroprotection or compensation» disponible sur: https://brain.oxfordjournals.org/papbyrecent.dtl



Etude «Educational attainment and mid-life stress as risk factors for dementia in late life» disponible sur: https://brain.oxfordjournals.org/cgi/content/extract/awq201v1