Le slacklining, c'est l'équivalent de marcher sur un trampoline large de 2,5 cm. Méditation en mouvement par excellence, ce «funambulisme» nouveau genre fait de plus en plus d'adeptes.

«Arrête de bouger!» tonne Maxime en pointant sa jambe, incontrôlable. Le jeune homme tente de se dresser sur l'étroite sangle tendue entre deux arbres à 30 cm du sol. Ses amis rigolent. Les curieux s'arrêtent, se mettent en file pour essayer.

En arrière-plan, on entend les tam-tam du mont Royal. Les beaux dimanches de l'été, le regroupement Slackline Montréal installe des sangles pour le public.

«Quand je venais faire de la slackline ici, les gens me demandaient toujours s'ils pouvaient essayer», raconte Julien Desforges, dans la jeune vingtaine, fondateur de Slackline Montréal. Depuis l'été dernier, il fixe aux arbres des sangles pour les débutants. L'objectif? «Partager les plaisirs de la slackline et équilibrer notre société!» répond Julien avant de se hisser sur sa sangle et de perfectionner ses positions de yoga à 2 m du sol.

Cela fait une vingtaine de minutes que Maxime s'acharne et fait fi de son ego. Déjà, il maîtrise mieux ses tremblements et il réussit même deux pas. L'évolution est rapide avec la pratique, confirme Julien en ajoutant qu'il avait du mal à tenir 10 secondes à ses débuts.

À voir le progrès qu'a réalisé Julien en quatre ans, c'est encourageant!

Un art du cirque? Eh non!

Malgré les similitudes, il n'y a aucun lien de parenté entre la corde raide et la slackline. Cette discipline a vu le jour dans le monde de l'escalade à Yosemite, en Californie. Vers la fin des années 70, des grimpeurs mettaient leur stabilité à l'épreuve sur des câbles, des cordes et des sangles. L'exercice d'équilibre s'est popularisé comme complément à l'escalade avant qu'un plus large public ne l'adopte.

Faite de nylon, la sangle offre une expérience dynamique comparativement à un fil de fer rigide. Son élasticité fait écho aux moindres mouvements. Et ici, pas de balancier: l'adepte s'équilibre avec son corps.

«La slackline stimule la proprioception et les muscles stabilisateurs, dit Rémi Bergeron, physiothérapeute à Action Sport Physio. Le corps devient plus efficace dans le mouvement.» La proprioception est une conscience corporelle; la slackline affine la capacité à réagir aux pertes d'équilibre. Sollicités, les muscles stabilisateurs des abdominaux, des lombes, des jambes, des épaules, du cou s'endurcissent. Les articulations se maîtrisent mieux, ce qui protège les ligaments et diminue les risques de blessures.

Méditation en mouvement

À un pied du sol (trickline), à 1000 m de hauteur (highline) ou sur 200 m de longueur (longline), les adeptes comparent la discipline à de la méditation. «La tête se vide et une seule chose doit occuper l'esprit: rester sur la slackline», dit Julien, qui a bravé des hauteurs vertigineuses lors du tournage du film Highlining California, à paraître.

«On a l'impression qu'il y a un truc, mais c'est surtout de l'entraînement et de la concentration», observe Éric Chabot. Ce professeur avait essayé la slackline avec sa femme et son fils une semaine plus tôt. Ils ont eu la piqûre. Le voilà de retour pour acheter un ensemble de Slackline Montréal.

Les adeptes urbains s'exercent dans un parc. Fondé en 2009, Slackline Montréal milite d'ailleurs en faveur de la légalisation de l'activité: il est interdit d'utiliser le mobilier urbain montréalais (dont les arbres) à une fin autre que celle à laquelle il est destiné. La pratique demeure généralement tolérée lorsque les arbres sont bien protégés.

Et en ce chaud dimanche, une dizaine de slacklines délimitent un coin du mont Royal. Tous y sont bienvenus... mais exit l'ego!



Un ensemble de base avec sangle, ancrages et mousquetons se vend à partir de 80$.

Info: slacklinemontreal.com highliningcalifornia.com slackline.com