Il suffit de quelques heures de formation pour faire baisser radicalement le taux de cortisol - l'hormone du stress - chez les élèves de première secondaire les plus tendus.

C'est ce que démontrent les résultats préliminaires d'une vaste étude menée sur toute l'année 2009 auprès de 500 jeunes de 12 ans, dans deux écoles privées montréalaises.

«Chez les élèves qui ont suivi notre programme et qui avaient commencé l'année avec un taux très élevé de cortisol, on observe une diminution pouvant atteindre 50%», révèle Sonia Lupien, directrice scientifique du Centre de recherche Fernand-Séguin de l'Hôpital Louis-H. Lafontaine et directrice du Centre d'étude sur le stress humain.

Entre le début et la fin de l'étude, le taux de dépression des élèves a également diminué «de façon significative», soit d'environ 5%, précise la neuropsychologue.

Pour le mesurer, son équipe s'est présentée à six reprises dans chaque classe pour distribuer des questionnaires, évaluer le taux de cortisol dans la salive des jeunes et tester leur mémoire. En parallèle, les élèves ont suivi cinq ateliers de quarante-cinq minutes afin d'apprendre à reconnaître ce qui les perturbe, de découvrir les méfaits du stress et de savoir comment le combattre (par exemple en bougeant ou en se changeant les idées).

L'entrée au secondaire est la période la plus stressante qui soit pour un enfant, peu importe sa condition sociale, explique la Dre Lupien, qui l'a conclu dans le cadre d'une étude antérieure. «Au secondaire, les jeunes ne sont plus les plus vieux de l'école et ne se sentent plus tellement en contrôle, explique-t-elle. C'est souvent après qu'apparaissent les troubles de conduite et que les premiers symptômes de dépression surviennent.»

Il faudra encore quelques mois pour analyser la foule de données recueillies l'an dernier, notamment celles sur la mémoire des élèves plus ou moins tendus. Mais on note déjà des différences marquées quant au niveau de cortisol moyen au sein des différentes classes visitées. «On ignore si cet écart est dû à l'attitude des enseignants de certaines classes ou à la présence d'un agent intimidateur quelconque dans la classe», avance la Dre Lupien.

Désormais convaincue de l'utilité de son programme (baptisé «Détresse et progresse»), la neuropsychologue entend s'associer à des concepteurs de jeux vidéos pour créer un logiciel qui pourrait être offert à tous les jeunes. «On voudrait même le personnaliser en fonction du niveau de stress présent au départ ou selon le sexe de l'élève. Mon objectif, c'est que d'ici deux ou trois ans, les ados l'utilisent sur leur iPhone», dit-elle.

L'enjeu est important puisque le stress chronique perturbe l'équilibre et peut causer des maladies graves: hypertension, troubles cardio-vasculaires, épuisement. Un excès de cortisol finit même par affecter le volume de l'hippocampe, qui est impliqué dans l'apprentissage et la mémoire. Les grands stressés sont par ailleurs plus vulnérables à la dépression à l'âge adulte.