Fatigué dès le réveil, vous n'êtes pas dans votre assiette, vous avez besoin de sucré, vous peinez à vous concentrer : vous souffrez sans doute de dépression saisonnière et pourriez essayer la luminothérapie, qui se révèle aussi efficace que les anti-dépresseurs.

Le lien entre la dépression et le manque de lumière en hiver a été établi il y a quelques années, avec la découverte de «cellules ganglionnaires à mélanopsine» dans la rétine qui, exposées à la lumière, activent différentes structures dans le cerveau, en passant le long du nerf optique : horloge biologique (qui régule la température, les hormones, le sommeil), centre de l'humeur (dans l'hippocampe), structures impliquées dans la mémoire...

Ainsi, explique Claude Gronfier, neurobiologiste du département de chronobiologie de l'Inserm (Lyon, France), une intensité lumineuse trop faible ou trop courte entraîne «une mauvaise stimulation de ces structures cérébrales», surtout sur un terrain génétique favorable.

«La luminothérapie permet de réguler la surproduction de mélatonine, de resynchroniser notre horloge interne», dit Aurélie Meyer-Mazel, psychologue au Centre médical veille-sommeil à Paris.

Aujourd'hui, les lampes à lumière blanche qui copient le soleil, utilisées dès les années 80 aux Etats-Unis, disposent de filtres contre les UV et les infra-rouges. Leur intensité est de 10.000 lux et il faut s'en servir une demi-heure par jour, vers l'heure du réveil. Elles consomment moins de 100 watts.

Leur efficacité n'est plus guère mise en doute. Plusieurs études ont constaté une amélioration significative de l'état des personnes utilisant la luminothérapie, avec des effets de l'ordre de 50 à 85%, «similaires à ceux obtenus dans la plupart des essais d'antidépresseurs».

L'amélioration est en outre «beaucoup plus rapide que celle des anti-dépresseurs», selon le Dr Gronfier. «Avec un anti-dépresseur classique il faut trois à quatre semaines avant d'observer un effet sur les symptômes, avec la photothérapie, une semaine» dit-il. Les effets secondaires sont négligeables, avec des contre-indications en cas de pathologies oculaires.

Aujourd'hui, les recherches portent sur le type de longueur d'onde le plus efficace, selon le Pr Damien Léger, qui dirige le Centre de sommeil de l'Hôtel Dieu à Paris.

La thérapie, préconisée par une recommandation internationale comme traitement de première intention, est développée en Amérique du nord. En France l'utilisation progresse peu à peu, notamment dans les centres du sommeil où les lampes sont proposées à des patients insomniaques pour remettre leur horloge interne à l'heure.

On peut se servir aussi de la luminothérapie contre les effets du décalage horaire et des horaires de nuit. Des expériences conduites auprès de patients souffrant d'Alzheimer ont fait apparaître une atténuation des symptômes après exposition à des lampes. Les patients dormaient beaucoup mieux.

On trouve aussi dans le commerce des «réveils simulateurs d'aube», qui, avec quelque 250 lux, copient l'arrivée progressive du jour. Petits et peu intenses, ils aident à se réveiller ceux qui ont le «blues de l'hiver», mais, souligne le Pr Léger, c'est une lumière ordinaire par son intensité, «ça a un côté bien-être, ce n'est pas médical».

A ce jour, les lampes - de grand format, pour stimuler davantage les récepteurs de la rétine - restent d'un coût élevé (autour de 200 euros, voire plus). «C'est un peu rédhibitoire», reconnaît Aurélie Meyer-Mazel. Mais à long terme un traitement médicamenteux revient plus cher, estime le Dr Gronfier.

En Suisse elles sont remboursées par la sécurité sociale, en Amérique du nord par certaines mutuelles.