Le flair des chiens, largement utilisé pour détecter explosifs ou stupéfiants, pourrait venir au secours de la recherche dans un tout autre univers: le cancer de la prostate.

Il ne s'agit pas de se servir de chiens pour faire du dépistage devant une rangée d'échantillons d'urine, mais de mettre au point, grâce à l'extrême sensibilité de leur odorat, un simple test urinaire pour déceler précocement les cancers les plus agressifs.

«Un berger malinois, formé par l'armée de l'air française, est déjà capable de renifler le cancer de la prostate. Un deuxième chien est en formation. Ce sont les premiers chiens formés en France pour détecter des cancers», dit à l'AFP le professeur Olivier Cussenot, urologue-cancérologue (hôpital Tenon, Paris) à l'origine de l'initiative.

Et la démonstration montre une «spécificité et sensibilité de 91%» de l'odorat canin, selon des résultats publiés récemment dans la revue spécialisée European Urology, dont il est cosignataire.

«Nous avons été surpris des performances des chiens, aucun test n'atteint de telles performances», ajoute le spécialiste.

Si l'exploitation de leur flair pour détecter l'odeur du cancer peut paraître surprenante, la médecine s'y intéresse depuis longtemps.

En 1989, la revue médicale The Lancet rapportait des cas de chiens flairant une lésion cancéreuse de la peau, le mélanome. D'autres observations de chiens détecteurs de cancers notamment du poumon par le biais de l'haleine, ou encore de cancer de la vessie en flairant l'odeur des urines ont été rapportés dans la littérature médicale.

Or, il existe des molécules volatiles liées au cancer de la prostate, comme par exemple, la sarkosine, spécifique de cancers agressifs.

«Nous essayons de reconstituer les combinaisons de molécules détectées par le chien et qui sont des signatures du cancer», poursuit le cancérologue.

Pour trouver la composition du «parfum» de cancer, son équipe travaille avec Christophe Junot, chercheur du Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Les chercheurs font des essais en mettant des molécules intéressantes dans de l'eau, puis donnent le tout à sentir au chien pour voir s'il réagit jusqu'à obtenir la bonne composition.

Avec 71 500 nouveaux cas et 8790 décès en 2010, selon les estimations de l'INCa (institut du cancer), cette recherche sur le cancer de la protaste représente un enjeu de santé publique.

Le dépistage systématique que certains urologues conseillent aux hommes entre 5O et 75 ans fait l'objet de controverses, à cause d'un test contesté. Ce test PSA est un dosage sanguin d'une substance naturellement secrétée par cette glande, l'antigène spécifique prostatique (PSA).

«Le test PSA n'est pas idéal» pour le dépistage, convient le Pr Cussenot. "80% des hommes testés positifs n'ont pas de cancer, mais une inflammation ou une hypertrophie (gonflement) de la prostate. Inversement avec ce test, il y a 10% de faux négatifs (des cancers qui lui échappent)", résume-t-il. Le diagnostic n'est assuré qu'après biopsie.

Il relève aussi la présence de foyers microscopiques de cancer de la prostate, qu'un homme à 50% de risque d'avoir au cours de sa vie, mais dont le risque d'en mourir est de moins de 1% et celui d'en souffrir de l'ordre de 5%.ceux qui risque de tuer, de faire des métastases, insiste-t-il. L'enjeu est de repérer c

D'où l'importance d'avoir des méthodes de détection des cancers agressifs, ceux qui sont à risque d'évolution rapide pour ne pas «surtraiter» les autres.