Les associations d'aînés et les syndicats de travailleurs de la santé jugent inacceptable que l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal enfreigne la loi en confiant le soin de personnes âgées à des résidences qui ne sont pas certifiées. La Presse a révélé hier que 62% des lits en ressources intermédiaires pour personnes âgées dans la métropole se trouvent dans des établissements non conformes.

Le gouvernement a pourtant adopté, en février 2007, un processus de certification qui oblige toutes les résidences privées pour aînés à respecter une série de critères socio-sanitaires. Mais l'agence de Montréal a tout de même signé des contrats avec des établissements non certifiés. Un geste illégal, de l'aveu même du ministère de la Santé.

Yves Lévesque, responsable du secteur des établissements privés et communautaires à la Fédération de la santé et des services sociaux, qualifie la chose d'inacceptable. «Combien de temps va-t-on accepter ça? Ça sert à quoi de faire des lois si on ne les respecte pas?»

Le président du syndicat québécois des employés de services, Jean-Pierre Ouellet, affirme que le gouvernement est en train de brader les services d'hébergement des aînés: «Il ne cesse de fermer des lits au public, et il envoie les personnes âgées dans des endroits non conformes et non sécuritaires. Le gouvernement se débarrasse des aînés!»

La présidente de l'Association québécoise des retraités des secteurs publics et parapublics (AQRP), Madeleine Michaud, juge «désolant» que les lois ne soient pas respectées. «Il y a 62% de lits dans des résidences non certifiées! C'est inimaginable quand on pense que la certification est une loi!» dit-elle.

Au cabinet de la ministre déléguée aux Services sociaux, Dominique Vien, on affirme que l'enquête indépendante ouverte hier sur ce qui s'est passé au Pavillon Marquette révisera également l'ensemble du processus d'attribution de contrats de ressources intermédiaires. «La ministre est préoccupée et s'explique mal comment des contrats peuvent être signés avec des résidences non certifiées alors que la loi est claire là-dessus. La ministre s'attend à ce que la loi soit respectée», a déclaré l'attachée de presse de Mme Vien, Christine Harvey.

Mais la présidente de l'Association des retraités de l'éducation et des autres services publics du Québec (AREQ), Mariette Gélinas, ne se satisfait pas de cette réponse. Elle accuse le gouvernement de toujours réagir aux scandales. «Il devrait au contraire prendre les devants. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités dans le dossier de l'hébergement des aînés. On parle d'humains ici, pas de numéros.»