Des résidus de pesticides ont été retrouvés dans 21% des fruits et légumes testés par l'Agence canadienne d'inspection des aliments, de 2002 à 2005. Mais il est inutile de paniquer, selon l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), qui a révélé ces données début février.

Seul 1% des aliments avaient des taux de résidus de pesticides dépassant les normes de Santé Canada, «ce qui est plutôt rassurant», a souligné Onil Samuel, conseiller scientifique et environnement et coordonnateur du rapport de l'INSPQ.

Des pesticides ont été trouvés «principalement dans les choux, les brocolis, les choux-fleurs et les céleris», a dit M. Samuel. Parmi les fruits, «les fraises, les pommes, les bleuets, les raisins, les poires, les oranges et les pamplemousses» ont été les plus susceptibles d'en contenir, a-t-il indiqué.

Santé Canada a détecté du carbaryl - un cancérigène probable - dans 49% des jus de pommes et 82% des jus de raisin analysés en 2004 et 2006. Autre exemple frappant: toutes les pommes de vergers québécois analysées en 2006 et 2007 «contenaient du captane ou des organophosphorés, même si les délais prescrits entre les arrosages et la cueillette furent respectés», dévoile le rapport. Ces fongicides et insecticides sont de possibles cancérigènes, ayant un potentiel génotoxique. Heureusement, peu de pesticides ont été retrouvés dans les viandes et les oeufs.

Cocktails de pesticides

«Certains pesticides qui étaient parmi les plus souvent mesurés possèdent des propriétés toxiques à long terme», souligne l'étude. Leurs effets «sur le développement ou la reproduction, la génotoxicité, les perturbations endocriniennes et le potentiel de cancérogénicité» ont été observés lors d'études sur des animaux, y fait-on valoir.

Fait plus inquiétant: un aliment peut cacher un cocktail de pesticides. Un beurre d'arachide acheté à Montréal par Santé Canada en 1993 contenait 15 sortes de pesticides différents, des barres de chocolat en recelaient 11, des biscuits en avaient 9, etc. «Les effets potentiels de l'exposition à plusieurs molécules différentes ne sont pas connus et dans ce sens, il faut demeurer prudent», a observé M. Samuel.

Le même pesticide peut aussi être présent dans plusieurs aliments, augmentant l'exposition des consommateurs à ce produit. Du bénomyl a été trouvé dans 7 des 16 légumes et 7 des 13 fruits les plus consommés au Canada de 2002 à 2005. Or, le bénomyl a des effets confirmés sur la reproduction et le développement, en plus d'être un possible cancérigène et d'avoir un potentiel génotoxique, selon le rapport.

«Il n'y a pas de raison d'affoler les gens à propos des pesticides, a dit à La Presse Ariel Fenster, professeur au département de chimie de l'Université McGill. Un des principes de base en toxicologie, c'est que la dose fait le poison. Mais l'effet cocktail est à étudier davantage. Est-ce que de très petites quantités qui, isolées, ne posent pas de problème, pourraient en causer mises ensemble? On ne le sait pas.»

Laver les aliments et manger bio

Que faire? Toujours laver les aliments, ce qui extrait «une part significative» des traces de pesticides, selon M. Samuel. Bonifier les programmes de surveillance de résidus de pesticides - et les rendre plus transparents, car le Québec et le Canada gardent secrets leurs résultats les plus récents, déplore l'INSPQ.

Améliorer les programmes de formation en agronomie et promouvoir l'agriculture biologique - dont la croissance semble accuser un retard au Québec - sont d'autres pistes d'action à privilégier. Il a été «démontré que les produits biologiques pouvaient limiter l'exposition aux pesticides», fait valoir l'étude.

Quoi ne pas faire? «Il ne faut surtout pas diminuer sa consommation de fruits et de légumes de peur d'être exposés à des traces de pesticides, a averti M. Samuel . Les avantages de consommer ces aliments sont certainement plus importants que les risques encourus.»

Des pesticides ont été trouvés dans :



-         Choux

-         Brocolis

-         Choux-fleurs

-         Céleris

-         Fraises

-         Pommes

-         Bleuets

-         Raisins

-         Poires

-         Oranges

-         Pamplemousses

Source : Onil Samuel, coordonnateur du rapport Mesures de réduction de l'exposition aux pesticides dans les aliments, Institut national de santé publique du Québec, 2010