Même si les fabricants de jouets de l'Amérique du Nord se sont engagés voilà 10 ans à ne plus utiliser de phtalates, les trois quarts des jouets vendus au pays en contiennent, selon Santé Canada.

Les taux enregistrés dépassent la limite établie en Europe, où cette molécule qui a des effets sur le développement sexuel est interdite depuis 1999. Selon le National Post, qui a obtenu le rapport de Santé Canada grâce à la Loi sur l'accès à l'information, certains jouets contiennent 400 fois plus que la limite de 0,1%.

 

«Il n'y a pas de preuve formelle que les phtalates sont toxiques pour les humains, explique Ariel Fenster, chimiste à l'Université McGill. Mais des études sur les rats mâles ont montré qu'ils induisent une féminisation. La distance entre l'anus et les organes génitaux est moins grande, ce qui montre que le système endocrinien et la production de testostérone sont affectés. Comme il existe des alternatives aux phtalates, il vaut mieux les interdire.»

L'interdiction volontaire des phtalates au Canada et aux États-Unis n'a pas fonctionné parce que les entreprises qui font fabriquer leurs produits en Chine n'y sont pas soumises. À l'époque, il s'agissait d'une portion infime du marché, mais le portrait a bien changé.

Les phtalates sont de petites molécules qui se glissent entre celles de polychlorure de vinyle et rendent le tout plus souple. C'est pourquoi ils sont utilisés pour les jouets pour bébés, particulièrement ceux qui sont destinés à être mordus. «Un disque vinyle a la même composition qu'un hochet pour bébé, à l'exception des phtalates, ce qui explique sa dureté par rapport au hochet «, indique M. Fenster.

Le Congrès américain vient de recevoir un rapport recommandant l'interdiction des phtalates pour les jouets, et le Canada devrait suivre l'exemple, selon M. Fenster. En 2004, l'Institut national

de santé publique du Québec (INSPQ) constatait que «sans la preuve formelle que les phtalates constituent ou non un danger réel pour la santé, il est possible de poser des gestes concrets pour protéger la population».