La justice américaine a refusé jeudi de faire le lien entre l'administration de vaccins et l'autisme et rejeté les demandes de dédommagement de trois familles affirmant que leur enfant était devenu autiste après un vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole).

Les parents demandaient que la Cour fédérale des réclamations reconnaisse, par des dommages et intérêts, qu'un produit conservateur à base de mercure, le thimerosal, contenu dans certains vaccins comme le ROR, peut être à l'origine de l'autisme chez l'enfant. Ce tribunal tranche les poursuites envers l'Etat pour compensation financière.

Les trois requêtes des familles Cedillo, Hazlehurst et Snyder, qui ont mené de multiples procédures en justice depuis le début des années 2000, ont été rejetées dans des décisions séparées. Les décisions de la Cour fédérale, qui doit statuer encore sur d'autres cas, alors que depuis 2001 plus de 5.000 familles ont déjà intenté des recours devant la justice américaine, semblent fermer la porte à une reconnaissance des éventuels effets négatifs des vaccins.

«L'expérience vécue par les Hazlehurst» --dont le fils a commencé a régresser sévèrement à l'âge de 18 mois, six mois après sa vaccination ROR en 2001-- «en tant que parents d'un enfant autiste (...) a été très difficile», a reconnu le juge, se disant «très ému» par le cas du petit Yates, 9 ans.

«Mais le poids des preuves scientifiquement et méthodiquement fiables ne paraît pas soutenir la plainte», a-t-il ajouté, ordonnant le rejet de toute compensation au titre d'une loi sur les vaccins (Vaccine Act).

«Nous sommes déçus de cette décision», a regretté l'avocat des Hazlehurst, Curtis Webb. La famille envisage de faire appel, a-t-il indiqué à l'AFP.

Il a dit regretter que les juges n'aient pas considéré recevable l'étude de médecins affirmant avoir trouvé le virus de la rougeole dans le système digestif d'enfants autistes, faisant ainsi le lien avec le vaccin.

La cour a rendu ses conclusions dans deux autres cas: celui de Michelle Cedillos, 14 ans aujourd'hui, gravement handicapée, qui a commencé à montrer un développement anormal deux semaines après son vaccin ROR administré à l'âge de 15 mois et celui de Colten Snyder, atteint par des difficultés de comportement vers 17 mois.

La question du lien entre vaccins et autisme a fait l'objet de nombreuses études contradictoire. La dernière en date, une étude américaine publiée en septembre 2008, a exclu toute corrélation.

«Nous n'avons trouvé aucun lien entre la date de la vaccination et l'apparition de problèmes intestinaux ou d'autisme», selon le Dr Mady Horni de l'Université Columbia, l'un des auteurs de cette étude.

Les responsables de santé publique aux États-Unis insistent depuis ces dernières années sur l'absence de risque posé par ce vaccin combiné. L'Institut américain de médecine a également publié plusieurs rapports concluant avec certitude à l'absence de relation entre l'autisme et ces vaccins.

Le refus de nombreux parents de faire vacciner leurs enfants contre les infections infantiles a contribué à un plus grand nombre de cas de rougeole aux États-Unis et dans certains pays européens depuis de nombreuses années, selon les Centres de contrôle des maladies.