Les parents qui mettent leur bébé devant la télévision compromettent sa réussite scolaire, selon une nouvelle étude montréalaise. Pour chaque heure de trop passée devant la télévision à l'âge de deux ans et demi, les résultats en mathématiques en quatrième année baissent de 6%.

«C'est la première étude qui fait un lien entre la consommation de télévision en bas âge et la réussite scolaire et en mathématiques au milieu du primaire», explique Linda Pagani, professeure de psychoéducation à l'Université de Montréal. «C'est très impressionnant de voir que les impacts se font sentir aussi loin à l'école primaire. Ça confirme que la télévision est très néfaste pour le développement des enfants.»Les 1314 enfants de l'étude écoutaient en moyenne 8h50 de télévision par semaine à l'âge de deux ans et demi. Chaque heure d'écoute supplémentaire, par rapport à la moyenne, avait des résultats observables huit ans plus tard, en quatrième année : une diminution de 6% de la réussite en mathématiques et de 7% de l'intérêt en classe, une augmentation de 10% du risque de victimisation par les camarades de classe, une augmentation de 9% de la consommation de boissons gazeuses sucrées et de 5% de l'indice de masse corporelle. L'exercice physique diminuait lui aussi.

Mme Pagani trouve «encourageant» que la moyenne québécoise est en-dessous des recommandations de l'Académie américaine de pédiatrie, qui considère que les enfants ne devraient jamais écouter la télévision avant l'âge de deux ans et que l'écoute devrait être au maximum de deux heures par jour par la suite. Par contre, 15% des petits québécois de deux ans et demi écoutent davantage que la limite, 14 heures par semaine. Pire, à l'âge de quatre ans et demi, la moitié des petits québécois dépassent la limite et 15% écoutent plus de 23 heures par semaine.

«La télévision n'est pas seulement une activité intellectuelle passive, dit Mme Pagani. Elle enlève aussi du temps pour d'autres activités. Par exemple, si l'enfant aide papa ou maman à mettre la table, il apprend à compter le nombre de couverts. C'est la même chose pour l'apprentissage du jeu et de l'interaction avec les amis : les enfants qui écoutent trop de télévision ont plus de risque de victimisation parce qu'ils savent moins bien interagir avec les autres.»

Et les boissons gazeuses? «Ça, c'est à cause de la publicité, dit Mme Pagani. Les enfants y sont très susceptibles.»