Les cuisiniers des garderies du Québec entretiennent plusieurs fausses croyances sur l'alimentation des tout-petits, révèle une étude de l'Université de Montréal. Près de 60% croient que les bonbons doivent être interdits aux enfants du préscolaire, et 52% estiment qu'il faut limiter la teneur en gras de leur alimentation.

«Interdire les aliments n'est pas une pratique recommandée» puisqu'elle crée de l'attrait pour ce qui est banni, lit-on dans les faits saillants de l'enquête, transmis à La Presse. Le gras est, quant à lui, «essentiel à la croissance des enfants».

Plusieurs autres mythes circulent dans les garderies: 56% des cuisiniers sont d'avis qu'il ne faut pas boire durant les repas, 46% jugent que le miel, le sirop d'érable et la cassonade sont meilleurs pour la santé que le sucre et 39% pensent que l'huile d'olive est moins grasse que les autres huiles végétales. Heureusement, seuls 3% pensent, à tort, que les oeufs bruns sont plus nutritifs que les blancs!

Aux fins du projet Offres et pratiques alimentaires revues dans les services de garde du Québec, financé par Québec en forme, 112 responsables de la cuisine en centre de la petite enfance et en garderie ont été interrogés. Plus de 70% sont des femmes et 52% ont un diplôme professionnel en cuisine d'établissement.

Qu'est-ce que bien manger, pour ces cuisiniers et pour les 295 éducatrices aussi sondées? C'est suivre le Guide alimentaire canadien (pour 53% d'entre eux), manger avec équilibre et modération (pour 30%), tout en se faisant plaisir ou en ressentant du bien-être (pour 15%). Les qualités organoleptiques (goût, odeur, texture, apparence) des mets ne sont nommées que par 8% des répondants et la bonne ambiance, par une mince proportion de 5%.

80% des chefs ne mangent pas avec les enfants

«J'ai été agréablement surprise de voir que le Guide alimentaire est une référence pour la moitié des gens, a commenté Julie Deschamps, nutritionniste à l'Université de Montréal, jointe au congrès de l'ACFAS, où elle a présenté une partie de ces résultats. Mais on sait qu'il reste beaucoup de travail à faire. Pour plusieurs, une bonne alimentation égale manger des légumes, sans que ça ait nécessairement bon goût. Le message qu'on veut passer, c'est que bien manger, c'est manger équilibré et avoir du plaisir.»

Près de 80% des cuisiniers mangent «rarement ou jamais» avec leurs petits clients, et à peine le tiers participe «de temps en temps» à des activités culinaires avec eux. «Ces pratiques devraient être davantage encouragées puisqu'elles contribuent au développement du goût chez les enfants», lit-on dans les faits saillants.

Moins de 5% achètent auprès d'agriculteurs

Ces chefs ont soif de conseils: 90% aimeraient obtenir un avis professionnel sur l'équilibre alimentaire de leurs menus et 76% voudraient savoir si leurs plats contiennent suffisamment de fibres. Ils souhaiteraient aussi faire évaluer leurs recettes pour ajouter de la variété (68% d'entre eux), réduire le sucre (59%), le gras (56%) et le sel (54%).

Rares sont ceux qui commandent des fruits et légumes biologiques (environ 5%) ou qui encouragent l'agriculture locale en se procurant des aliments auprès d'agriculteurs (moins de 5%). Les prix prohibitifs et la difficulté d'avoir un volume constant peuvent expliquer ce faible intérêt.