Il y a la méthode du calendrier. L'acupuncture. Les hormones. Et, bien sûr, la fécondation in vitro. Voilà que de plus en plus de femmes se tournent aussi vers le yoga pour traiter leurs problèmes de fertilité.

Sue Dumais a lancé un premier cours de «yoga pour la fertilité» à Vancouver, il y a quatre ans. À l'époque, rien du genre ne se faisait encore au pays. Depuis, elle a ouvert un studio consacré exclusivement à la fertilité (Family Passages to Wellness, toujours à Vancouver), a écrit un livre sur la question (Yoga for Fertility Handbook) et parcourt le pays pour offrir de la formation. Une poignée de studios ont aussi ouvert dans la région de Toronto. Sauf erreur, il n'y a pas encore de centre de yoga consacré ainsi à la fertilité au Québec.

 

La clientèle? Variée. Les femmes ont entre 35 et 42 ans, certaines veulent faire un enfant depuis quelques mois, d'autres essaient par tous les moyens (y compris la fécondation in vitro) depuis près de 10 ans. Objectif? «Réduire le stress et l'anxiété, et retrouver une harmonie avec son corps», résume Mme Dumais. Grâce à différentes postures, il s'agit de travailler une foule de tensions psychiques et physiques, notamment dans la région pelvienne, qui nuiraient à la reproduction.

De son propre aveu, la fertilité n'est pas l'objectif ultime, même si près de la moitié de ses clientes finissent pas tomber enceintes (grâce au yoga ou non). «Il m'est très difficile d'évaluer les résultats. Je vois arriver ici des femmes anéanties. Au bout de six semaines, elles sont en pleine possession de leurs moyens. Pour moi, ça aussi, c'est un succès.» Selon elle, le simple fait de se retrouver entre femmes et de partager une détresse similaire y serait pour beaucoup.

Une chercheuse de l'école de médecine de Harvard, Alice Domar, a suivi deux groupes de femmes souffrant de problèmes de fertilité (incapables de tomber enceintes après un an). Le premier groupe a participé à une formation de 10 semaines avec cours de yoga, méditation et saines habitudes de vie. De ce groupe, 55% des femmes (contre 20% de celles du groupe témoin) sont tombées enceintes.

«Les techniques de relaxation, la pensée positive, c'est excellent», confirme François Bissonnette, président de la Société canadienne de fertilité et d'andrologie. Car il est clair que le stress peut nuire à la fertilité, ne serait-ce qu'en altérant le cycle hormonal de la femme.

Mais attention, nuance l'expert, également directeur médical de la clinique Ovo: le yoga ne doit pas être une solution de rechange au traitement. «Si vous faites de la marche et que cela vous relaxe, c'est aussi bien. Ce sont des éléments complémentaires, qui ne doivent pas remplacer le traitement.»

Aujourd'hui, signale-t-il, de 20à 30% des couples connaissent des problèmes de fertilité. Un couple sur six finit par consulter. Motif? «La vie professionnelle, notamment. Les femmes retardent leur projet de grossesse puis se réveillent passé 35 ans, surprises de ne pas tomber enceintes, dit-il. Dès 35 ans, vous avez perdu la moitié de la fécondité que vous aviez à 25 ans.» Yoga ou pas, «l'horloge biologique ne pardonne pas.»