Alors qu'un nombre croissant de Canadiennes accouchent à un âge avancé, une nouvelle étude révèle que les femmes enceintes de plus de 35 ans sont beaucoup plus à risque d'avoir une grossesse ou un accouchement avec complications. Les femmes de plus de 40 ans sont encore plus vulnérables, et présentent jusqu'à trois fois plus de risque de développer des complications selon l'analyse de l'Institut canadien d'information en santé (ICIS).

Pour établir ces données, l'ICIS a examiné les dossiers de plus d'un million de naissances survenues entre 2006 et 2009 au Canada. L'étude montre que les Canadiennes qui accouchent après 40 ans souffrent trois fois plus souvent de diabète gestationnel que les femmes plus jeunes.

Selon le président de l'Association des obstétriciens-gynécologues du Québec, le Dr Robert Sabbah, la donnée la plus frappante concerne toutefois le taux de césarienne. Chez les femmes de plus de 40 ans, le taux de césarienne est de 53%. Par comparaison, 35% des femmes de 35 à 39 ans et 25% des femmes de 20 à 34 ans accouchent par césarienne. Et le taux d'accouchements nécessitant l'usage des forceps ou de la ventouse est de 34% chez les mères de plus de 40 ans contre 25% chez les 25 à 35 ans.

«Les naissances qui nécessitent une intervention ou une césarienne présentent plus de risques de complications. Le but de l'étude n'est pas de faire peur, mais d'informer. Les femmes savent souvent qu'elles sont de moins en moins fertiles en vieillissant, mais tous les enjeux ne sont pas toujours connus», affirme le Dr Sabbah.

Les risques associés à un accouchement tardif touchent aussi les bébés. Les anomalies chromosomiques sont plus élevées chez les poupons ayant une mère plus âgée. Un nouveau-né de mère de 40 ans et plus sur 127 est atteint d'une anomalie chromosomique contre un sur 1000 chez les mères de 20 à 35 ans. Les risques de donner naissance prématurément sont aussi plus élevés: 11% chez les plus de 40 ans contre 8% chez leurs cadettes.

Âgée de 37 ans et enceinte de 29 semaines, Chantal Brais dit ne pas trop s'inquiéter. «Je suis en bonne santé. Je fais beaucoup d'exercice. Tout va bien», dit-elle. La future maman ne souffre pas de diabète. «C'est sûr qu'avant de tomber enceinte, tu te demandes si tu es trop vieille. Mais je serais plus inquiète après 40 ans. Là ça va», dit-elle. Selon Mme Brais, la vie d'aujourd'hui pousse un nombre croissant de femmes à avoir leur premier enfant plus tard. «Tu vas à l'université. Tu te trouves un bon emploi. Tu essaies de rencontrer le bon gars. Quand tu te décides à avoir un enfant, il est plus tard!» note-t-elle.

Phénomène en hausse

Actuellement, 20% des naissances sont le fruit de mères de plus de 35 ans au Canada. En 2008, cette proportion était de 15%. «Bien que la plupart de ces naissances se déroulent sans problème, il est important pour les femmes enceintes, leurs dispensateurs de soins et les planificateurs du système de santé de comprendre les risques associés à un âge maternel avancé», affirme la directrice de l'analyse du système de santé à l'ICIS, Kathleen Morris.

L'ICIS a aussi évalué les coûts supplémentaires liés aux accouchements tardifs. Le coût moyen d'une naissance est de 2900$ chez les femmes de 20 à 34 ans contre 3200$ chez les plus de 40 ans. Pour l'instant, Mme Brais se prépare pour son accouchement prévu pour le 1er décembre. Elle ne sait pas si elle voudra d'un deuxième enfant. «On verra, dit-elle. Mais je ne veux pas avoir un enfant après 40 ans», dit-elle.