La semaine dernière, lors d'une conférence dans le Maine, la superstar du journalisme alimentaire militant Michael Pollan a lancé une bombe: «Un végétalien en Hummer, a-t-il déclaré, a une moindre empreinte écologique qu'un mangeur de boeuf en Prius.»

Dès que la phrase a été lancée, elle a été relayée sur Twitter à la vitesse d'un pet de vache. En une seule image, Pollan venait de faire comprendre à toute une génération internet l'impact de l'agriculture industrielle, plus particulièrement l'élevage bovin, sur notre environnement.

 

Plus tard, l'auteur de Omnivore's a dû admettre que son exemple ne marchait pas parfaitement. Un journaliste de l'agence de presse Reuters est en effet allé vérifier les chiffres et a trouvé, selon une étude effectuée par des chercheurs reconnus en 2006, qu'être végétalien permet de sauver l'équivalent de 2 tonnes de CO2 par personne, par année, alors que la différence entre un Hummer et une Prius est de 4,6 tonnes de CO2 par année. D'autres journalistes ont ensuite fait d'autres calculs en ont conclu que manger de la viande et conduire un Hummer avait en réalité un impact environnemental au mieux équivalent.

Peu importe. L'image, elle, a laissé son empreinte: la viande pollue. Et être végétalien permet de protéger la planète d'au moins 2 tonnes de gaz à effet de serre par année.

Pourquoi les produits d'origine animale laissent-ils une forte empreinte environnementale? Parce qu'il faut beaucoup d'énergie pour élever des animaux. Les engrais à base de produits chimiques utilisés pour faire pousser les plantes qui servent à nourrir les animaux sont en cause, de même que toute la chaîne industrielle de production (récolte du grain, transport du bétail, etc.). La culture de produits végétaux n'est pas au-dessus de toute pollution, mais le ratio pollution/calories comestibles penche nettement en faveur des fruits et légumes, légumineuses et céréales. En outre, les émissions de méthane des animaux font aussi partie des facteurs polluants importants.