Oui, si votre panier d'épicerie ressemble au panier type des Québécois, des organismes génétiquement modifiés auront réussi à s'y faufiler, à votre insu.

«On le savait: la moitié du maïs et du soya cultivé au Canada et presque tout le canola est transgénique, mais on pensait qu'il y en aurait davantage», explique Dominique Michaud, professeur au département de phytologie de l'Université Laval et coauteur d'une étude sur les incidences des OGM dans l'alimentation des Québécois.

 

Un peu plus de 8% des produits transformés disponibles sur les tablettes du Québec contiennent au moins des traces d'OGM. Dans la plupart des cas, il s'agit de pourcentage très faible, moins de 1%, qui échapperait donc à l'étiquetage si le Québec se dotait d'une loi obligeant les manufacturiers à indiquer la présence de transgène dans leurs produits, comme c'est le cas en France.

Pour réaliser leur étude, les chercheurs de l'Université Laval ont mis la main sur la liste des produits transformés les plus populaires au Québec. Du lot, ils ont éliminé tous ceux qui ne contenaient ni soya, ni canola, ni maïs pour se consacrer aux aliments susceptibles de contenir des OGM. Environ le tiers des aliments transformés préférés des Québécois ont ainsi été éliminés.

Les chercheurs ont ensuite acheté plusieurs lots du même aliment pour avoir un échantillon représentatif. Pour chacun, ils ont extrait l'ADN en quantité et en qualité suffisantes. Ils ont aussi défini les gènes de ceux qui obtenaient un résultat positif.

Farine de maïs transgénique

Une farine de maïs remporte la palme des aliments transgéniques, avec des taux particulièrement élevés de maïs cultivé pour la consommation animale. «C'est surprenant, mais pas inquiétant», dit Dominique Michaud, qui précise que les maïs transgéniques trouvés dans la farine en question ont été approuvés au Canada pour la consommation, autant humaine qu'animale. Des petits gâteaux commerciaux contenaient aussi une bonne part de maïs transgénique.

Peu d'études ont tenté de quantifier la proportion d'OGM présente dans les produits transformés, l'analyse d'ADN des aliments étant particulièrement complexe.

«On entend souvent dire que 70% du panier d'épicerie contient des OGM, dit le chercheur québécois. C'est impossible: si on élimine le lait, les oeufs, la viande et les fruits et légumes frais, il faudrait que tout le reste des aliments du panier contienne des OGM.»

Les conclusions de l'étude du professeur Michaud ont été présentées en public hier, ainsi que celles d'une étude semblable réalisée à l'Université McGill. Elles avaient déjà été déposées au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec qui les avait commandées.