Les journées sans viande existent dans plusieurs pays du monde et sont pratiquées par Sir Paul McCartney, Yoko Ono, Gwyneth Paltrow, Kate Moss et bien d'autres. Il s'agit d'une campagne de sensibilisation, d'une invitation à regarder ce qui se trouve dans nos assiettes.

L'Expo manger santé et vivre vert a décidé d'en faire un de ses thèmes principaux, cette année, et a mis au programme des activités qui viseront à rendre simple et agréable la réduction de la consommation de viande. La nutritionniste Anne-Marie Roy, porte-parole de l'exposition, donnera une conférence sur le sujet demain, au Palais des congrès de Montréal. Le hockeyeur et militant Georges Laraque coanimera quant à lui une démonstration culinaire, dimanche après-midi.

 

Les Meatless Mondays sont nés à Baltimore, aux États-Unis, lorsque le département de santé publique de l'Université John Hopkins a décidé de faire un geste pour réduire l'incidence de maladies comme l'ostéoporose, l'arthrite, les accidents cardiovasculaires, le cholestérol élevé et certains cancers.

En 2009, l'argument écologique s'est ajouté à celui de la santé. Dans une étude datant de 2006, l'ONU estime qu'un cinquième des émissions de gaz à effet de serre proviennent de l'élevage des cheptels.

L'aspect éthique de la production de viande est aussi un thème chaud par les temps qui courent, notamment depuis la sortie du film Food Inc., la publication du livre Eating Animals, de Jonathan Safran Foer, et les interventions de Georges Laraque, narrateur de la version française du film Terriens. L'heure semble être venue de se pencher sur les conditions dans lesquelles vivent les animaux des fermes industrielles.

Quelques têtes d'affiche de la coalition québécoise Lundi sans viande nous expliquent pourquoi ils favoriseront les végétaux le lundi.

Laure Waridel

La cofondatrice d'Équiterre est une alliée naturelle de la campagne Lundi sans viande. «Je trouve que l'idée générale est excellente. Elle invite les gens à y aller un jour à la fois et à constater qu'on peut très bien manger sans viande. Déjà, ça peut apporter une plus grande diversification à notre alimentation. La viande n'a pas toujours besoin de jouer le rôle principal dans notre assiette. Elle peut être utilisée comme accompagnement, lorsqu'on met des lardons bios dans une soupe ou une salade, par exemple.»

L'omnivore sélective qu'elle est ne peut s'empêcher de trouver que nous n'avons rien à perdre et tout à gagner à réduire notre consommation de viande. «C'est positif pour notre santé et pour la santé de la planète. Il y a une augmentation de la population mondiale, mais les superficies cultivables, elles, n'augmentent pas. On sait par exemple qu'il faut 6 kg de céréales pour produire 1 kg de boeuf et que ça prend de 6 à 20 fois plus d'eau pour produire une protéine animale que pour produire une protéine végétale.»

«Le Lundi sans viande nous amène donc à réfléchir à tous ces aspects. Il ne faut pas en faire une religion, mais plutôt une prise de conscience», conclut-elle.

Photo: Alain Roberge, La Presse

Laure Waridel

Sophie Faucher

C'est la comédienne Patricia Tulasne, elle-même membre de la coalition Lundi sans viande, qui a convaincu Sophie Faucher de participer au mouvement. La Lionne pratique le lundi «végé» avec sa famille depuis le mois de janvier. «C'est peut-être parce que je suis une âme sensible, mais je n'ai jamais été une carnivore véritable. Je peux très facilement me passer de viande. Ce sont davantage les belles salades pleines de vie et de couleurs qui me font saliver», admet la comédienne.

La campagne Lundi sans viande lui fait néanmoins prendre conscience des impacts environnementaux de la consommation de viande. «On nous invite à faire des tas de gestes pour l'environnement, mais lorsqu'il est question de changer nos habitudes alimentaires, les gens se braquent. Même 24 heures sans viande, ça peut faire une grande différence.»

Quelques minutes après l'entrevue, le téléphone sonne. C'est Sophie Faucher. Sa mère, Françoise, vient de voir Patricia Tulasne parler du Lundi sans viande à la Fosse aux lionnes. Elle embarque à son tour!

Photo: SRC

Sophie Faucher

Jacques Languirand

Saviez-vous que Jacques Languirand avait publié, en 1989, un livre intitulé A comme Aubergine (108 recettes sans viande)? Ses lundis (ainsi que tous les autres jours de la semaine!) sont sans viande depuis 1988. Il est devenu végétarien par conviction.

«J'étais un gros mangeur de viande. J'ai décidé de manger de manière plus saine, plus légère. J'ai aussi pensé aux animaux. Déjà, à l'époque, on savait plusieurs des choses qui sont dites aujourd'hui au sujet des fermes industrielles. En 2010, les gens ont en plus toutes les raisons écologiques pour les convaincre de réduire leur consommation de viande. Je suis content de voir arriver ça.»

Il nous rappelle que dans certains pays du monde, comme en Inde, le phénomène contraire se produit. Les gens fortunés se mettent au régime occidental et augmentent leur consommation de viande.

Photo: PC

Jacques Languirand

Notre sondage

Plus de 1500 internautes ont participé cette semaine à un mini-sondage sur la campagne Lundi sans viande, tenu sur Cyberpresse.ca. Bonne nouvelle pour ceux qui prônent la réduction de la consommation de viande, la majorité semble prête à relever le défi. Voici quelques-unes des conclusions de cette petite enquête sans prétentions scientifiques.

53%

Plus de la moitié des internautes ont affirmé qu'ils relèveraient le défi Lundi sans viande. «Non merci!» ont répondu 35,5% des personnes sondées. La proportion d'indécis s'élève à 11,3%.

39%

C'est le pourcentage des gens qui ont affirmé que la santé était la principale motivation à la réduction de leur consommation de viande. L'environnement a été évoqué dans 19,9% des cas. L'éthique animale a touché, quant à elle, 11,4% des personnes qui ont répondu au sondage.

70%

«Combien de fois par semaine mangez-vous de la viande?» avons-nous demandé. Une bonne part des répondants (45,3%) consomment de trois à cinq repas carnés par semaine. Ceux qui en mangent plus de cinq comptent pour 25%. On constate donc que 70,3% des internautes sondés mangent de la viande plus de trois fois par semaine. Chez ceux qui ont répondu qu'ils ne relèveraient pas le défi Lundi sans viande, ce pourcentage augmente à 84,7% (38% en mangent plus de cinq fois par semaine, taux qui n'est que de 14,6% chez ceux qui ont choisi de relever le défi). Les gros mangeurs de viande semblent donc plus réticents à diminuer leur consommation.