Voici quelques textes écrit par les participantes aux ateliers de la clinique de médecine de l'adolescence du CHU Sainte-Justine.

Vertige

Tout au fond de moi

J'ai le vertige

La peur de me tromper

Je voudrais aller de l'avant

Prendre mon élan

Puis sauter

Pour me libérer de tous ces problèmes emmagasinés

Qui m'empêchent d'avancer

Cependant, je reste là

Je m'accroche

Telle une pervenche en plein hiver.

Si seulement j'avais le courage

De m'aventurer plus loin

Je découvrirais peut-être le bonheur

Celui qui a tant eu peur

Et qui s'est caché

Tout au fond de mes pensées.

- Audrey Ann (février 2010)

Vertige

Vertige

Mes doigts se perdent

Ma bouche s'éteint

Ma peau s'engourdit

Mon âme bascule

Voltige

Ma voix s'élargit

Mes bras s'envolent

Mes pensées flottent

Mes jambes m'abandonnent

Vestige

Mes yeux s'agrandissent

Mes mots se bousculent

Mes mains se précipitent

Mon coeur s'étire

Si jamais j'y pense

N'oublie pas que pour toi je m'oblige

Si jamais j'y pense

Je pousserai comme une tige

Si jamais j'y pense

Je fige.

- Marie-Justine (février 2010)

Il pleut des mots

Il pleut des mots

Qui sous l'influence de l'inconscience

Fouettent ma peau

Avec brutalité et violence

Il pleut des mots

Qui sous l'emprise d'excès colériques

Me donnent froid dans le dos

Et changent la simplicité du bonheur en désordre chaotique

Il pleut des mots

Qui sous leurs masques de rage et leurs coeurs de pierre

Savent faire mal et nous faire tomber de haut

Et nous ramènent au coeur de la guerre.

- Isabelle (février 2010)

Corps maladif

Captifs d'un corps maladif, amaigri, affaibli,

Assaillis par un froid allant jusqu'aux os,

Nous cachons tout sauf un long soupir bruyant,

Insuffisant pour tous nos maux.

Nous cachons sous l'utilisation de la faim, l'abandon.

Nous combattons la voix sans raison,

Tyran malfaisant qui inaugura la confrontation,

Opposant un plaisir sain à un mal anormal

Dans un miroir, nous voyons un poids colossal,

Nous oublions un tas d'os saillants.

Un conflit malsain a surgi, nous a assaillis

Nous a soumis à un chagrin paralysant.

Pourquoi tant souffrir sans jamais mourir?

Nous souhaitons la cicatrisation sans complications,

Nous souhaitons pour un instant avoir la paix,

Pour un jour, pour toujours.

- Émilie (2009)

Sans titre

Alors qu'un noir d'ébène règne encore dans la pièce

Une lumière jaune cogne aux volets tous les matins

Alors que le sol est toujours couvert de neige

Un fragile brin d'herbe perce le tapis blanc

Alors que la porte semble bien close

Un fort coup de vent l'entrouvre légèrement

Alors qu'un lourd silence s'installe

Le chant mélodieux des oiseaux vient briser le mutisme

Alors que la tristesse emplit mon être

L'espoir saura-t-il se frayer un chemin jusqu'à mon coeur.

- Magalie (février 2010)

J'ai vu  

J'ai vu le désert se cristalliser

J'ai vu la mer se déchaîner

J'ai vu le ciel s'illuminer

J'ai vu les vagues s'éloigner

J'ai vu mes rêves au sommet de la colline

J'ai vu une étoile filante à l'horizon

J'ai vu la passion dans tes yeux

J'ai vu des masques qui volaient au-dessus de nos têtes

J'ai vu la vieillesse s'attaquer à son corps

J'ai vu du rose, du bleu, du vert et du jaune sur mes pas ensorcelés

J'ai vu son âme s'étirer comme poussent les roses

J'ai vu les vagues se libérer de leur douleur sur le bord de la mer

J'ai vu le bonheur que portaient les gens

J'ai vu cet ange m'ouvrir ses ailes vers le chemin de la lumière

J'ai vu cet oiseau me montrer la liberté

J'ai vu sombrer mon innocence au profit de l'arrogance

J'ai vu l'indifférence si imposante que je ne ressens plus la souffrance

J'ai vu un froid glacial s'installer en moi sans que j'aie eu le choix

J'ai vu un désir fou m'envahir... celui de retrouver mon enfance

J'ai vu la pluie se fondre dans le décor des larmes

J'ai vu le monde à l'envers, le ciel tomber sur terre

J'ai vu le mensonge que constituaient les bonheurs illusoires

J'ai vu tout s'envoler, je vois à présent tout revenir

J'ai vu le blanc de la lumière parler avec le noir de mes pensées

J'ai vu le soleil qui nous réchauffait tous avec ses rayons de lumière

J'ai vu le plus beau moment de ma vie passer tellement vite

J'ai vu les petits enfants qui s'amusaient dans le parc

J'ai vu une étoile éclater de bonheur pendant qu'elle réchauffait nos coeurs.

- Collectif  (janvier 2010)