Aux États-Unis, les grands industriels de l'alimentation s'engagent à combattre l'obésité infantile en modifiant leurs recettes, en présentant de nouveaux produits plus sains et en réduisant les portions. L'objectif: faire disparaître 1000 milliards de calories des tablettes des supermarchés américains d'ici deux ans. Mais les produits destinés au Canada ne changeront pas pour l'instant.

«L'industrie de l'alimentation fonctionne selon les réglementations et les pressions», explique Paul Boisvert, coordonnateur de la chaire de recherche sur l'obésité de l'Université Laval. Et les pressions sont beaucoup plus fortes au sud de la frontière, dans un contexte d'épidémie d'obésité infantile. Surtout depuis l'arrivée de Michelle Obama à la Maison-Blanche, précise ce spécialiste.

 

La première dame des États-Unis veut que les Américains s'alimentent mieux et, pour y arriver, elle presse l'industrie d'améliorer ses pratiques. «Nous n'avons pas ce genre de pression au Canada et au Québec», poursuit Paul Boisvert, qui croit que les mesures annoncées lundi pourraient éventuellement faire en sorte que les aliments seront préparés différemment selon qu'ils sont destinés au marché canadien ou américain. Cela existe déjà, notamment en ce qui concerne le sodium. Certaines céréales à déjeuner vendues au Canada contiennent beaucoup plus de sel que leur version américaine. Les sandwichs de McDonald's varient aussi d'un pays à l'autre.

Lundi, Pepsi, Coca-Cola, Nestlé et General Mills (à qui l'on doit les céréales Lucky Charms et Cheerios ainsi que les crèmes glacées Häagen-Dazs), ont annoncé qu'ils rendraient leurs produits moins caloriques. Un organisme indépendant doit veiller au grain et s'assurer que les promesses de l'industrie deviennent réalité dans les délais annoncés.

La nouvelle a été très bien reçue à la Maison-Blanche. Michelle Obama s'est réjouie de cette initiative de l'entreprise privée.

L'objectif ultime est une réduction de 1500 milliards de calories pour 2015. Ces géants de l'alimentation ont toutefois annoncé qu'ils auraient déjà atteint les deux tiers de leur objectif en 2012.

Selon Suzie Pellerin, directrice de la Coalition Poids, si des multinationales changent leurs recettes pour le marché américain sous l'effet de la pression politique, c'est que les modifications sont possibles, ce qui est déjà une bonne nouvelle. Reste à étendre ces mesures au-delà du marché américain.

«Cette annonce nous démontre qu'on peut, en concertation avec l'industrie, modifier notre environnement alimentaire, dit-elle. Il nous faudrait au Canada une personne de l'envergure de Michelle Obama afin d'établir un véritable rapport de force avec l'industrie. Actuellement, au Canada, il n'y a pas de leadership politique sur cette question. Dès que nous demandons des mesures pour encadrer les pratiques de l'industrie alimentaire, on nous répond que cela aurait pour effet de nuire aux échanges commerciaux. Ici, on attend toujours une réglementation sur les gras trans, et le gouvernement canadien a même envisagé de permettre l'ajout de vitamines et de minéraux à la malbouffe...»