Les restaurants canadiens nuisent considérablement à leurs clients en omettant d'inclure des informations nutritionnelles dans leurs menus, a indiqué mardi un groupe militant.

Le Centre for Science in the Public Interest (CSPI), qui a des bureaux à Washington et à Ottawa, affirme que tous les ordres de gouvernements doivent intervenir pour rendre obligatoire la divulgation d'informations que les restaurants taisent trop souvent.

Une présentation sommaire des calories et de la teneur en sodium, affirme le centre, pourrait notamment aider à freiner la vague d'obésité qui déferle sur le pays. Les conclusions du centre sont contenues dans un rapport de 90 pages qui analyse l'impact de la restauration sur la santé publique.

Le coordonnateur national du CSPI, Bill Jeffrey, estime que les clients des restaurants devraient avoir accès aux mêmes données nutritionnelles de base que celles qui doivent obligatoirement se retrouver sur l'emballage des aliments achetés au supermarché.

Selon lui, personne ne tolérerait que l'information nutritionnelle soit uniquement disponible au bureau du gérant de l'épicerie ou affichée près de la caisse.

«C'est tout simplement inacceptable. Il faut que l'information soit facilement disponible au moment de choisir, et s'il faut effectuer plusieurs démarches pour obtenir cette information, et bien moins de gens vont l'utiliser», a dit M. Jeffrey dans une entrevue téléphonique.

Le rapport du CSPI a étudié les données nutritionnelles compilées volontairement par une trentaine des plus grandes chaînes de restauration du Canada, comme Burger King, Saint-Hubert, KFC, Van Houtte ou McDonald's. Plusieurs des plats au menu contenaient deux ou trois fois la quantité de calories ou de sodium recommandée pour un adulte, tandis que d'autres plats contenaient autant de sodium que ce qui devrait être consommé en deux jours.

Le rapport précise que le cinquième des aliments consommés par les Canadiens pendant une semaine provient de repas pris au restaurant, ce qui laisse entendre que ceux-ci jouent un rôle de premier plan dans la hausse des cas d'hypertension et d'autres problèmes associés au surplus de poids.

M. Jeffrey rappelle que l'information nutritionnelle est disponible, mais uniquement si les clients font des pieds et des mains pour l'obtenir.

Demander des brochures nutritionnelles ou enquêter en ligne sur les repas offerts avant de se rendre au restaurant est peu pratique, a-t-il dit. Les restaurants devraient indiquer le total des calories à côté de chaque plat, croit M. Jeffrey, et ajouter un petit drapeau prévenant d'une teneur élevée en sodium.

De plus, l'ajout au bas du menu d'une note rappelant les cibles de 2000 calories et 1500 mg de sel par jour aiderait le client à mettre ses choix en perspective, a-t-il dit.

«Même des diététistes ont beaucoup de mal à estimer la quantité de calories et la teneur en sodium des plats au restaurant, a dit M. Jeffrey. En cette matière, on a vraiment besoin d'une information objective provenant du fabricant du produit.»

Joyce Reynolds, de la Canadian Restaurant and Foodservices Association, croit elle aussi que des règles nationales encadrant la divulgation des calories seraient une bonne chose pour les clients. Mais contrairement à M. Jeffrey, elle estime que le menu n'est pas le bon endroit où le faire.

Les clients veulent évaluer des facteurs autres que les calories et le sodium au moment de faire leur choix, dit-elle, avant d'ajouter qu'il n'y a pas suffisamment d'espace sur les menus pour afficher correctement ces données.

«D'autres organisations disent que ça devrait être les gras trans ou les allergènes, a-t-elle soutenu. La liste des informations qu'il serait utile d'ajouter au menu est sans fin, mais ce n'est pas possible.»

Mme Reynolds affirme que son organisation discute actuellement avec le gouvernement fédéral pour mettre en place un cadre national concernant la divulgation des données nutritionnelles au restaurant. Des applications mobiles pourront un jour représenter une solution intéressante pour les clients qui veulent en savoir plus au sujet des plats au menu, avance-t-elle.

M. Jeffrey croit qu'il incombe aux gouvernements de mettre en place de nouvelles règles, puisque les restaurants craignent de perdre des clients s'ils dévoilent cette information.

«Les restaurants savent que si les clients découvrent la quantité élevée de calories ou de sodium dans leurs plats, ils vont demander à ce que ces plats soient modifiés pour répondre à leurs attentes, a-t-il dit. D'autres pourront décider qu'il est préférable pour eux de cuisiner à la maison.»