«J'aime le sexe torride et les sentiments s'exprimant par des mots et de la tendresse»: c'est l'une des confidences recueillies dans une enquête française sur la vie intime des femmes en couple, qui montre combien elles sont plus libres dans leur sexualité que leurs aînées.

Désir, plaisir, préliminaires, masturbation, fantasmes, orgasme... plus de 3000 Françaises de 15 à 80 ans ont répondu à cette enquête réalisée via internet avec le concours de l'Observatoire international du couple, et dévoilé par Philippe Brenot dans Les femmes, le sexe et l'amour.

«La première leçon de cette enquête est lumineuse: les femmes en France sont aujourd'hui, dans la majorité des cas, libres de leur intimité, libres de la façon de vivre leur corps, leur sexualité et leur couple», dit le psychiatre, sexologue et anthropologue. «Cette femme libre a levé les tabous».

La masturbation «n'est plus une pratique taboue pour la grande majorité». 68% l'ont déjà pratiquée, contre seulement 19% en 1970 et 42% en 1992.

Elle confesse ses fantasmes, l'un des premiers rapportés dans l'étude étant celui... de la sexualité conjugale, «c'est à dire d'une intimité avec le compagnon, le mari, mais dans des positions ou des comportements inhabituels»:

- «Mon fantasme : être attachée et ''sans défense'', à la merci de mon homme».

Autre enseignement de l'étude, selon Philippe Brenot, «les femmes disent toutes leur grand besoin de respect, de tendresse et de douceur, ce que comprend une part croissante de leurs partenaires»:

- «Je souhaiterais qu'il me dise des mots doux pendant l'acte et qu'il me regarde dans les yeux; qu'il me caresse partout sauf aux endroits stratégiques, puis qu'il me caresse à ces endroits seulement quand je lui demande».

À la question «qu'est-ce qui excite votre désir?», les femmes répondent majoritairement «sa gentillesse et ses attentions» (66%), puis vient l'aspect physique masculin, «avec une intrusion particulière, celle de l'odorat» : «son odeur» (65%), «sa taille, son corps, ses muscles» (62%). La voix et l'humour arrivent aussi en bonne place:

- «Lui! Tout simplement lui»

- «Ses baisers et ses caresses, son souffle sur ma nuque».

- «L'empreinte de sa voix sur moi. J'adore sa voix grave et la chaleur de ses mains sur mon corps».

Bémol à cet épanouissement sexuel, l'orgasme n'est pas obligatoirement au rendez-vous. 16% des femmes l'atteignent systématiquement, 55% souvent, 21% rarement et 5% jamais.

Lorsqu'il survient, «les mots sont impuissants pour exprimer des sensations à la limite de la perception», analyse Philippe Brenot:

- «Perte d'attache et disparition dans un tout».

- «Impression de ne plus rien maîtriser et de mourir».

- «Y a pas plus magique».

Les 187 questions de l'enquête n'oublient pas l'amour.

Pour Maëlys, 16 ans, «''Je t'aime'', ça signifie qu'il tient à moi». Pour Léa, 20 ans, «il y a plusieurs ''je t'aime''. Ça peut être un ''je me sens bien avec toi'', un ''je t'aime" tendance satisfaction sexuelle ou le ''je t'aime'' romantique et sincère».

Pour Philippe Brenot, qui a réalisé en 2011 la même enquête au masculin, la médiation d'internet a «facilité des témoignages étonnants de sensibilité, d'émotion, de confession», permettant de brosser «le portrait d'une femme très différente de ce que nous savons par les études précédentes».

Les résultats chiffrés de cette étude, disponible en librairie (éditions Les Arènes), «sont l'occasion, pour toute femme, de se situer dans son histoire personnelle», estime-t-il. «Ces témoignages sont également un moyen pour les hommes, leurs compagnons, de mieux comprendre les représentations féminines afin d'être plus proches des attentes de leur partenaire».