Le Canada compte toujours parmi les pays où l'on est le plus satisfait de sa qualité de vie - il arrive au 8e rang - mais selon l'OCDE, il serait aussi l'un des cinq pays, avec le Portugal, la Hongrie, les États-Unis et le Japon, où il y aurait eu un recul à ce chapitre entre 2000 et 2006.

La régression est mince, à peine 0,1 point sur une échelle de 11, mais avant 2006 - donc avant la récession, faut-il préciser -, l'indice de bonheur progressait pas mal partout dans l'OCDE sauf chez nous.

 

Selon l'étude intitulée Panorama de la société 2009, le Canada se positionne bien, par ailleurs, dans la catégorie du revenu national net par habitant où il est au cinquième rang. Il affiche une performance mitigée quant à la satisfaction au travail - 9e rang sur 20 pays - et 18 pays font mieux que le Canada en ce qui a trait au taux de pauvreté.

On se positionne mieux, par ailleurs, pour l'un des principaux indicateurs d'égalité entre les hommes et les femmes, à savoir le temps de loisir. Ainsi, les hommes du Canada auraient environ 25 minutes quotidiennes de plus de loisirs que les Canadiennes (ce qui nous place au 6e rang), ce qui est nettement plus égalitaire qu'en Italie, dernier de classe, où les hommes ont pas moins de 79 minutes de plus pour faire la dolce vita que leur douce.

Du point de vue des loisirs de façon générale, les Canadiens traînent quand même un peu la patte. Ils leur consacrent en effet 23,7% de leur journée moyenne, comparativement à 27,7% pour les Belges, qui arrivent ici au premier rang.

Par ailleurs, au Canada, on dort suffisamment. Au moins huit heures par nuit en moyenne. Les Français, qui arrivent à se réserver près de neuf heures de sommeil quotidien, sont les champions à ce chapitre. Les Français ressortent aussi - sans surprise - comme étant ceux qui font le plus honneur à la table, y passant carrément deux fois plus de temps que les Américains, les Mexicains et les Canadiens.

Le Canada arrive par ailleurs au 9e rang des pays présentant les plus hauts taux d'obésité. Le triste gagnant de cette catégorie? Eh oui! les États-Unis. Les Japonais, les Coréens et les Suisses présentent à l'inverse les meilleurs poids santé.

Fait intéressant, c'est la Grèce qui détient le premier rang du pays où les enfants intimident le plus les autres, suivi de l'Autriche. Le Canada arrive en milieu de peloton.

Tout de même, n'est-ce pas surprenant de voir l'OCDE inclure, dans une même étude, des données comparatives sur des questions aussi diverses que l'obésité, les inégalités sociales ou l'intimidation?

Tout économiste soit-il, John Helliwell, professeur à l'Université de la Colombie-Britannique, salue ce rapport de l'OCDE qui, de façon impressionniste, tente de dépeindre chacun des pays de façon plus complète qu'à la seule aune, par exemple, des plus classiques données comme celles du chômage. Cela ne va pas, cependant, sans obliger l'OCDE, à son avis, à y aller d'une certaine gymnastique quand il s'agit de traiter de données sur des notions aussi neuves que la qualité de vie et de concilier de façon aussi scientifique que possible des collectes de données faites de façons très différentes d'une agence nationale à l'autre.

Ainsi, parce que l'OCDE a dû tenter de concilier des données de sondages avec des données de Statistique Canada pour ce qui est de 2000 à 2006, M. Helliwell, grand spécialiste au pays des questions de qualité de vie, trouve que l'OCDE s'est avancée un peu. Un peu trop.

«Ce sur quoi je travaille davantage, ce sont les sondages GALLUP des années 2006 à 2008 et selon eux, le Canada arrive au 6e rang des pays de l'OCDE en moyenne. Mais quelles que soient les études, le Canada se situe toujours parmi les 10 premiers pays, alors que le voisin, les États-Unis, avec un PNB pourtant supérieur, arrive plutôt généralement entre le 10e et le 20e rang» en ce qui a trait à la qualité de vie.

M. Helliwell vient d'ailleurs de faire une présentation plus spécifique à Statistique Canada sur le sujet. Selon son analyse s'appuyant sur les plus fraîches données de Statistique Canada, entre les provinces, il n'y a pas de grands écarts entre l'évaluation que les gens font de leur qualité de vie. «Terre-Neuve arrive au premier rang, le Québec et l'Ontario sont plutôt au milieu de la courbe et c'est en Colombie-Britannique que l'on arrive en dernier. Là où les différences sont les plus marquées, c'est entre les villes. Diverses études démontrent que les gens semblent plus heureux dans des villes de taille moyenne comme Québec ou Granby que dans les grandes métropoles du pays.»