On a beaucoup parlé de l'explosion des prescriptions de Ritalin et des autres médicaments contre l'hyperactivité. On a aussi épilogué sur les effets secondaires des antidépresseurs chez les adolescents.

Une nouvelle tendance secoue maintenant le monde de la santé mentale pédiatrique: les ordonnances pour les enfants d'âge préscolaire.

 

Une étude américaine de 2007 avançait que jusqu'à 12% des enfants ayant des troubles de santé mentale recevaient des médicaments, et qu'une fois sur deux, il ne s'agissait pas d'un stimulant tel que le Ritalin.

En 2000, une autre étude avait montré que la proportion d'enfants d'âge préscolaire recevant des antidépresseurs avait quadruplé à 0,3% entre 1990 et 1995.

La psychiatre Johanne Renaud, qui dirige la section jeunesse du Programme des troubles dépressifs à l'Institut Douglas, confirme que la psychothérapie est privilégiée chez ces enfants.

«Les enfants de l'âge de la garderie répondent bien aux psychothérapies comportementales, dit le Dr Renaud. Même au primaire, les antidépresseurs ne sont pas plus efficaces que les placebos, parce que la réaction à la psychothérapie cognitivo-comportementale est très bonne. C'est seulement à l'adolescence qu'on peut considérer que les antidépresseurs commencent à être efficaces.»

Lorraine Boucher, psychanalyste et psychiatre aux centres jeunesse de Montréal, voit «assez souvent» des enfants prenant des médicaments psychiatriques.

«Il y a des arguments pour certain à médicamenter, dit le Dr Boucher. Certains enfants le sont dès l'âge de 3-4 ans. Pour moi, aux âges précoces, la meilleure médication, c'est le médicament relationnel, c'est la relation suffisamment bonne avec un parent ou son substitut qui ouvre l'enfant sur le monde, le tiers.»