Gilles Routhier, professeur à la faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval, nous fait une petite histoire du carême.

«Le carême remonte au début du IVe siècle. Dès le départ, tout s'est organisé autour de Pâques. Le mot carême vient du chiffre 40, en référence aux 40 jours que Jésus a passé dans le désert avant son ministère. À l'origine, c'était une période de préparation pour ceux qui se faisaient baptiser à Pâques et pour les pénitents publics.

 

On se préparait de plusieurs manières. D'abord, par les instructions, qui étaient des temps d'écoute de l'annonce de l'Évangile. Puis il y avait le jeûne, la prière et l'aumône.

Pendant longtemps, le carême a fait suite au carnaval, qui se terminait avec le mardi gras. C'était un temps particulier où on voyait une différence marquée dans les habitudes de vie. Le jeûne, qui consistait à ne prendre qu'un seul bon repas par jour, n'était pas prescrit tous les jours, ni même à tout le monde - ceux qui étaient âgés de moins de 21 ans et de plus de 60 ans en étaient exemptés. La pratique était de faire maigre et abstinence le mercredi et le vendredi.

Dans les années 60, le concile Vatican II a apporté aux lois du jeûne des modifications qui visaient à retrouver la signification du carême. On a laissé davantage de liberté aux pratiquants. On leur a dit: voici le sens du carême. À vous, maintenant, de voir comment vous pouvez l'appliquer dans vos vies. Cela permettait aux gens de prendre encore le carême au sérieux, mais de l'adapter à leur mode de vie. On ne jeûnait pas le dimanche et, souvent, ce jour-là, on sortait même le chocolat et le vin. Le sens du jeûne s'est peu à peu perdu. On a fini par faire trop de place à la performance de l'individu alors que, au départ, le jeûne doit être une période de réflexion et d'ouverture à l'autre.»