Nicole est tombée enceinte à 17 ans. Elle a eu deux enfants coup sur coup puis s'est séparée à 20 ans. À cause de l'alcool, il lui a fallu une dizaine d'années pour retrouver une vie conjugale et familiale.

«C'était le temps du peace and love, on sortait beaucoup», raconte Nicole, jointe par l'entremise d'Alcooliques anonymes. «Je buvais pour me dégêner, pour aller dans les discothèques, pour rencontrer des hommes. Mais je n'arrivais pas à bâtir une relation solide. Ça n'est arrivé qu'après que j'aie arrêté de boire, à 28 ans.»Jacques, lui aussi membre d'Alcooliques anonymes, a été à couteaux tirés avec son ex-conjointe pendant presque 10 ans après son divorce, au début des années 70. «Elle était enragée. Ça a pris des années avant que ça devienne plus doux. À un moment donné, j'ai passé quatre ou cinq ans sans voir ma fille.»

L'alcool est étroitement lié aux séparations conjugales. Si l'un des deux conjoints prend plus de deux consommations par jour, le risque de séparation augmente de deux à trois fois, selon une étude de l'Université Duke qui a suivi 4600 couples pendant huit ans. Inversement, après une séparation, le risque d'avoir des problèmes d'abus d'alcool (plus de 20 consommations par semaine) augmente de deux fois - et même de cinq fois dans les deux ans suivant une séparation, selon une autre étude faite par des épidémiologistes anglais et australiens, qui ont suivi 2000 Britanniques pendant 10 ans.

Les problèmes d'alcool ne détruisent pas une seule famille : l'étude anglo-australienne a déterminé que les personnes qui ont des problèmes d'alcool ne sont pas moins susceptibles de se marier, mais qu'ils sont par la suite plus susceptibles de se séparer, de se remettre en ménage avec quelqu'un d'autre et de se séparer de nouveau.