Au premier coup d'oeil, Nunuche a tout du magazine féminin typique: une grande photo d'une femme plus que parfaite en une, des grands titres accrocheurs, un dossier spécial sur la chirurgie esthétique. Visuellement, l'illusion est parfaite.

Ou presque. Car la femme en une, le regard aguicheur et les lèvres aguichantes à souhait, retouchée par ordinateur comme il se doit, n'a pas... d'oreilles! C'est d'ailleurs le sujet du dossier principal: exit les oreilles, tout sur les tendances chirurgie du printemps.

 

Vous l'aurez compris, Nunuche, en librairie dès la semaine prochaine, est en fait une parodie de magazine féminin. Tant dans ses sujets (une fausse entrevue avec Céline Dion, ou ce «cas vécu» avec une artiste ongulaire) que dans ses publicités (le téléphone qui appelle quand personne n'appelle, ou pourquoi pas le shampoing qui tresse les cheveux tout seul?), tout ressemble, à s'y méprendre, à du vrai. En prime: une chronique «out» (le rire, parce que «ça creuse les cernes, bandes d'inconscientes!»), un courrier des lectrices nunuches, même un horoscope (bélier: avant de prendre un risque émotif, assurez-vous de la loyauté de votre sac à main).

«Si j'ai voulu faire ça, c'est pour me défouler personnellement», signale Élise Gravel, rédactrice en chef, par ailleurs illustratrice et auteure d'une douzaine de livres, à l'humour toujours aussi mordant (Les joies de la maternité poil au nez, et le tout premier Nunuche magazine, destiné d'abord aux ados). «L'univers du magazine féminin est assez absurde en soi, on peut trouver beaucoup de matière à rire», dit-elle. Ses sujets de prédilection: la surconsommation et le culte de la minceur.

Ce numéro-ci s'adresse aux adultes. Et dans tous les textes et illustrations (signés Caroline Allard, Francis Desharnais, Stéphane Dompierre, Catherine Lepage et Sophie Massé, entre autres), c'est le second degré qui domine. D'où l'angle et l'approche résolument ludiques, qui donnent une légèreté quasi thérapeutique à tout ce contenu original et complètement loufoque. «Notre but premier, c'est de rire. On part d'une situation qui n'est pas le fun pour en faire une partie de rigolade.»

Et oui, l'industrie aussi commence à prendre conscience de toute cette «absurdité», ce culte de la jeunesse et de la beauté à tout prix, croit-elle. La preuve, les magazines féminins veulent tous une copie de Nunuche, et la photo de une a été réalisée par une vraie de vraie agence de pub (rodeoproductions.com), avec une vraie mannequin, un vrai styliste, le tout gratuitement. Tout simplement parce que l'idée leur plaisait. «Mais ce n'est pas évident de vivre avec les diktats de la mode et une conscience sociale», conclut Élise Gravel.

Nunuche En librairie le 25 mai 2010 Éditions La courte échelle 14,95$