À part quelques honorables dames de Westmount, qui aime la reine au Québec? Personne? Détrompez-vous, Élisabeth II a bien des fans dans la Belle Province. Ils apprécient sa force tranquille, ses looks uniques, sont déçus de la voir si peu souvent ici... et sont parfois beaucoup plus jeunes qu'on le penserait.

«Depuis 60 ans, la reine Élizabeth sert le Canada et bien sûr le Royaume-Uni avec dignité et un sens de la morale impeccable. À 84 ans, elle se présente à environ 400 engagements par année. À son âge, elle mériterait une retraite mais elle continue néanmoins à régner avec un sens du devoir et de la continuité. Je crois que cela mérite le respect et l'admiration.»

 

Celui qui offre cet hommage à Sa Majesté la reine est un jeune homme de... 21 ans, Étienne Boisvert, porte-parole québécois de la Ligue monarchiste du Canada.

Fermement convaincu de la pertinence de la Couronne britannique dans un gouvernement élu démocratiquement, Étienne Boisvert, candidat à la maîtrise en sciences politiques à l'Université de Sherbrooke, nourrit depuis l'adolescence un intérêt insatiable pour tout ce qui touche au protocole royal.

«J'ai d'abord été frappé par le côté folklorique et cérémonial de la gouverneure générale ou de la reine, lors de l'inspection des tenues rouges des militaires. Cela a frappé mon imaginaire. Par la suite, j'ai découvert la personne qu'est la souveraine. Une femme qui, durant tout son règne tumultueux, est restée solide malgré les histoires de ses enfants avec la presse. Elle est un roc dans une tempête», estime Étienne Boisvert.

Pendant sa visite au Canada, Élisabeth II ne foulera pas le sol québécois, une décision qui n'étonne guère Étienne Boisvert. «Évidemment que le monarchiste en moi est déçu. En revanche, je trouve que cela fait preuve d'un respect de la diversité québécoise et d'un contexte sociopolitique différent.»

Le célèbre «samedi de la matraque» (10 octobre 1964), le nationalisme des années 60 et une exaspération d'autrefois envers les symboles coloniaux n'ont rien fait pour attiser l'affection des Québécois envers la reine, souligne le journaliste Marc Laurendeau. «Depuis le samedi de la matraque, elle n'est pas venue souvent au Québec. Mais elle attire moins la critique aujourd'hui. Cela tient à son personnage, qui est un symbole de fidélité, de constance. De sorte que ceux qui la contestent s'en prennent moins à sa personne qu'à la monarchie», analyse Marc Laurendeau qui juge que le film The Queen (de Stephen Frears) a rendu plus «humaine» la mère du prince Charles.

«Ce film démontrait bien les tâches auxquelles la reine est astreinte, son sens du devoir, sa capacité de réflexion, sa constance dans le travail. Mais il montrait aussi ses défauts et le fait qu'elle semble avoir davantage de compassion pour les animaux que pour les humains.»

Ivana Belloni, enseignante montréalaise dans la cinquantaine et grande fan d'Élisabeth II, partage l'avis du jeune monarchiste Étienne Boisvert. Elle aussi est un peu déçue que la reine ne passe pas par Montréal. Son affection pour la souveraine est née lors d'un séjour de trois ans à Londres, dans les années 70.

«J'adore la reine. Il m'arrive même de rêver à elle! Dans mon rêve, nous sommes des meilleures amies et elle m'invite à luncher au palais de Buckingham. C'est toujours très agréable et confortable», s'amuse cette professeure d'anglais de niveau collégial, qui s'incline devant les tenues de son idole royale. «Ses chapeaux et ses looks s'améliorent d'année en année. Puis, je trouve admirable le fait qu'elle soit restée forte même lorsqu'elle était entourée de gens qui n'étaient pas à sa hauteur. Sarah Ferguson était une vraie blague. Et Diana était très difficile à gérer. À mes yeux, la reine Élisabeth est une femme de grande classe et de beauté, dans le sens victorien du terme.»

 

Élisabeth II au Québec depuis 1964

10 octobre 1964

«Samedi de la matraque» à Québec.

17 juillet 1976

Ouverture des Jeux olympiques de Montréal.

21 octobre 1987

Passage à Québec, dans le cadre d'une visite officielle au Canada.

1992 et 2002

Participation à des dîners au Musée canadien des civilisations à Hull.