Non, il n'y a pas de truc universel, encore moins de recette facile, mémorisable, pour en finir avec le stress. D'abord parce que le stress est indispensable à notre survie. Mais aussi et surtout parce que, faute de mammouth, nous sommes tous touchés par des stresseurs variés: les bouchons, les exigences du boulot, l'arrivée d'un enfant, un déménagement... Les coupables ne manquent pas!

La seule et unique façon de maîtriser votre stress, votre mammouth à vous, c'est de déconstruire la situation (le fameux CINE), de l'analyser et de trouver un plan B (ou C, D...).

Les bouchons vous rendent fou? Est-ce à cause du sentiment de perte de contrôle de votre temps, de leur aspect imprévisible, de la nouveauté (peu probable...) ou de la menace sur votre ego? (Rage au volant, quand tu nous tiens!) Si c'est la perte de contrôle, peut-être pouvez-vous alors trouver un plan B (voyager à des heures différentes), un plan C (changer de chemin), un plan D (prendre les transports en commun)? À vous de voir, jusqu'à ce qu'un plan réaliste et surtout réalisable vous apparaisse. Peut-être, si votre stress est chronique, devriez-vous carrément songer à déménager?

Vrai, dans la vie, au quotidien, on a rarement le temps de «déconstruire» un facteur stressant. La chercheuse et experte en stress Sonia Lupien le sait bien. Elle propose ci-dessous quelques faits et gestes qui peuvent sinon neutraliser votre mammouth, du moins vous permettre de le dompter temporairement.

Fuir!

Nous ne sommes pas loin, ici, de l'homme préhistorique devant un trop gros mammouth. Devant un stress trop aigu, mieux vaut parfois carrément prendre le large. Sonia Lupien s'en est rendu compte elle-même, un beau soir, alors qu'elle pétait les plombs à l'heure du bain. «Je suis partie promener mon chien», confie-t-elle. Son chien lui sert d'ailleurs souvent de soupape. «Si on part une heure, sans stimulation, promener le chien, faire du vélo, de la couture, n'importe quoi, c'est sûr et certain, les caractéristiques de notre stress vont apparaître.»

Bouger

«Ce n'est pas moi qui vais dire aux gens de faire du sport une ou deux fois par semaine, se défend Sonia Lupien. Moi, je fais du sport seulement quand je suis stressée.» Et cela ne fait jamais de tort. Parce que le corps, qui a mobilisé une énergie folle en situation de stress (pour combattre ou fuir le mammouth, toujours), ne demande qu'à dépenser cette énergie. Solution? «Perds-la, cette énergie mobilisée.»

Rire

Rire? En plein stress? Absolument. «Les études démontrent que le rire produit une hormone qui inhibe l'hormone de stress», assure Sonia Lupien.

Respirer

Inutile de sortir un tapis ou de vous installer en position de lotus, dit la chercheuse. Au bureau, en réunion, au téléphone, même en voiture, la respiration abdominale, dite «respiration bedon» (on gonfle le ventre en inspirant, et on le rentre en expirant), arrête elle aussi la réponse de stress. «Moi je fais la bedaine à tous les stops en auto!»

Prier

Eh oui! Tout comme la respiration «bedon», prier a le même effet sur le cerveau: cela annule la réponse de stress.

Écouter de la musique

«On s'est rendu compte que le cerveau synchronise la respiration sur les battements entendus.» Mieux vaut ici éviter la musique techno en auto, dans les bouchons, disons...

S'entourer d'un bon réseau social

C'est l'une des suggestions les plus importantes, mais étonnamment toujours incomprises par les chercheurs. «On ne sait pas pourquoi, confirme Sonia Lupien, mais les gens isolés produisent plus d'hormones de stress.» D'où l'intérêt de s'entourer de gens qu'on aime et que l'on veut voir vraiment (pas de gens stressants, quoi... Exit les mammouths!).

Stressant, le mois de mars?

Vous vous sentez particulièrement à cran, ces jours-ci? Fatigué, exaspéré par cet hiver qui n'en finit plus de finir, énervé par le printemps qui approche? Est-ce du stress? Sonia Lupien a déjà mesuré les hormones de stress d'une clientèle cible tous les mois, afin de voir si on est plus stressé vers la fin de l'hiver. Erreur. Devinez à quelle saison elle a mesuré les plus hauts taux? En plein été! Le corps est très sensible à la lumière, explique-t-elle. Or, dès le mois de novembre, faute de lumière extérieure, nous nous mettons à produire de la mélatonine, et ce, durant presque tout l'hiver. "Or, plus on a de mélatonine, moins on produit d'hormone de stress puisque ces deux hormones s'inhibent l'une l'autre", explique la chercheuse. L'été, à cause de l'abondance de lumière, le corps cesse sa production de mélatonine. Et les hormones de stress entrent en force... D'où, aussi, le surplus d'énergie qui vient souvent avec le beau temps (pour chasser le fameux mammouth!).