L'art d'être heureux. De se lever du bon pied. De voir le verre à moitié plein. Bref, tout ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue. Et pleinement, par-dessus le marché. Le saviez-vous? Le bonheur est une science, mesdames et messieurs. Voilà des années que des centaines de chercheurs, issus d'une panoplie de disciplines, de la psychologie à l'économie, en passant par la sociologie, la science politique, même la neuropsychologie, étudient la question. Qu'est-ce qui rend les gens heureux? Le climat? L'argent? Les enfants? Pas nécessairement... Un livre fascinant fait le point.

Les amis de Leo Bormans disent de lui qu'il est un spécialiste de l'optimisme. Pas mal, dans un CV. Plus humblement, l'auteur belge se présente plutôt comme un journaliste. «Je travaille pour le ministère de l'Éducation. Je suis rédacteur en chef de magazines éducatifs. Tous les jours, je rencontre des gens inspirants, des exemples positifs, cela fait partie de mon travail quotidien», explique-t-il au bout du fil. D'où son penchant pour l'optimisme.

C'est dans le cadre de ses recherches qu'il a pris conscience que des centaines de chercheurs de par le monde étudiaient justement l'optimisme et la psychologie positive et qu'il existait même une base de données internationale du bonheur, à Rotterdam, alimentée par 3000 chercheurs.

Régulièrement, ces chercheurs sondent différentes populations, afin de dresser, entre autres, un bilan du bonheur planétaire.

C'est ainsi que le Danemark se classe premier dans l'échelle du bonheur, et le Togo, bon dernier. À noter (on le sait, mais cela fait toujours du bien de le rappeler), le Canada arrive en tête de peloton, tout juste devant... Panama! Et étrangement, le Mexique dépasse la France, même les États-Unis. Comme quoi le bonheur n'est pas nécessairement là où on l'attend.

«J'ai joint 100 chercheurs de 50 pays différents, et je leur ai demandé de résumer leurs recherches en 1000 mots», raconte le journaliste. Résultat? Happiness, Le grand livre du bonheur, publié récemment aux éditions de l'Homme, un livre imposant, inspirant, résumant les plus grandes enquêtes sur l'art d'être heureux. Soulignons, outre Christopher Peterson (fondateur de la psychologie positive) et Robert Biswas-Diener (rédacteur en chef du Journal of Happiness Studies), les signatures du psychanalyste Guy Corneau et de la psychologue de l'Université de Sherbrooke Lucie Mandeville.

Conclusion? Le facteur le plus déterminant du bonheur, ce n'est pas le climat, le sexe ou l'âge, encore moins le salaire, mais bien le pays d'où l'on vient. Et où l'on habite. «C'est la variable la plus significative», résume Leo Bormans. Deux éléments entrent ici en jeu: l'égalité et la confiance sociales. Un pays inégalitaire, où les citoyens se méfient des institutions publiques, aura un indice du bonheur toujours inférieur à un pays plus égalitaire où la confiance sociale règne.

Autres variables déterminantes: la qualité des relations sociales (Sartre avait donc tout faux: l'enfer, c'est pas les autres, «c'est l'absence des autres») et l'argent (nuance: pas le superflu, mais simplement le nécessaire).

C'est tout?

«Il n'y a pas une seule recette du bonheur! Ce que je souhaite, c'est offrir un outil de réflexion. Il faut à chacun trouver sa propre recette. Mais tout ce que je peux vous dire, c'est que notre bonheur est toujours lié aux autres. Et si je peux donner un seul conseil pour trouver le bonheur, c'est de ne pas trop le chercher dans le matériel.»