C'est ce dimanche que débute la semaine de la santé mentale. La division du Québec de l'Association canadienne pour la santé mentale l'a placée cette année sous le thème de la confiance. Excellent choix, car on sait à quel point la confiance en soi est le pilier de la santé mentale et qu'elle est indissociable de la confiance en l'autre.

C'est d'abord dans le regard des adultes significatifs que l'enfant voit les premières images de lui-même. C'est dans l'appréciation de ses actions qu'il construit sa confiance en sa capacité de produire du beau et du bon. C'est dans une relation d'attachement sécurisante qu'il développe sa capacité de faire confiance aux autres. Tout au long de la vie, les échanges entre soi et l'autre seront fondateurs du plus précieux des sentiments: la confiance.

L'autosuffisance a un prix

L'autonomie et l'indépendance, si valorisées dans notre société, ne devraient pas aller jusqu'à nous empêcher de compter les uns sur les autres. Trop souvent, à la suite de déceptions plus ou moins grandes, une personne tend à s'autosuffire. À première vue, elle peut sembler n'avoir besoin de rien ni de personne. Elle risque pourtant de s'épuiser et d'éprouver des sentiments de solitude, de tristesse et d'amertume. Au fond d'elle-même, elle attend une aide qui ne vient pas. Or, pour que les autres lui viennent en aide, il faut qu'ils sentent une ouverture à recevoir, une acceptation de ce qu'ils peuvent lui apporter. L'attitude autosuffisante de l'un est donc non seulement épuisante pour lui, mais dévalorisante pour les autres qui se perçoivent alors comme inutiles et même inadéquats.

La confiance totale?

La confiance en soi n'exige pas de se faire totalement confiance en tout. Lorsqu'on trace les limites d'un territoire, on établit ce qu'il ne contient pas, mais, surtout, on est rassuré sur ce qu'il contient. Il devrait en être de même pour un être humain. Savoir ce que l'on n'est pas, ce qui ne nous ressemble pas, c'est reconnaître ce qu'on est et ce qui nous ressemble. Nos limites sont-elles fixées à jamais? Bien sûr que non, mais c'est en partant de ce qui est là, reconnu et ressenti comme étant vraiment nous, que l'on peut se développer, voire se dépasser.

La confiance en l'autre n'a pas non plus à être totale. Elle exige, pour lui comme pour nous, de reconnaître ses limites, avec ce qu'elles contiennent autant qu'avec ce qu'elles excluent. L'authenticité est une condition essentielle à la relation de confiance. Qui veut d'un compliment qui sonne faux? Qui veut qu'on lui fasse confiance au-delà de ses limites, qu'on le mette ainsi en échec? Ici aussi, c'est dans la reconnaissance de ce qui caractérise réellement cette personne qu'on lui donne l'occasion de se développer davantage.

Par où commencer?

Le sentiment de confiance a une influence immédiate sur le bien-être de la personne. Il donne lieu à des pensées, des aspirations, des actions et des relations qui, à leur tour, le renforcent. À l'inverse, le doute, la peur et la méfiance restreignent l'individu dans ses gestes et ses relations de sorte qu'il a peu d'occasions de construire ou de regagner sa confiance en lui-même et dans les autres. Il faut relancer la roue, mais par où commencer? En nous tournant vers les autres pour réaliser et souligner ce qu'ils sont, ce qu'ils font et ce qu'ils nous apportent, nous contribuons non seulement à améliorer leur estime d'eux-mêmes, mais leur confiance en eux, en nous et dans la vie. Nous réalisons aussi que nous pouvons leur faire confiance. Et la roue est repartie dans l'autre sens.

Rose-Marie Charest est présidente de l'Ordre des psychologues du Québec. Vous pouvez lui faire part de vos commentaires ou lui suggérer des thèmes de chroniques à vivre@lapresse.ca.