Les adolescents obèses sont plus susceptibles que les jeunes de poids «normal» d'être intimidés ou de commettre eux-mêmes des actes d'intimidation, indique une nouvelle étude.

L'auteur de cette étude, le professeur Atif Kukaswadia, de l'université ontarienne Queen's, a expliqué que ces résultats sont tirés d'une étude précédemment réalisée par d'autres chercheurs de cette université et qui concluait que les enfants obèses étaient plus susceptibles d'être impliqués dans l'intimidation.

Pour la nouvelle étude, publiée dans les pages du journal scientifique «Obesity Facts, the European Journal of Obesity», les chercheurs ont analysé un échantillon de 1738 étudiants qui fréquentaient 16 écoles secondaires ontariennes en 2006 et 2007.

Les jeunes ont été interrogés concernant leur participation à l'intimidation physique et l'intimidation relationnelle, pendant laquelle la victime est exclue, rejetée ou la cible de rumeurs et mensonges. L'indice de masse corporelle (IMC) des participants a ensuite été calculé à l'aide des données qu'ils ont eux-mêmes fournies.

Chez les filles qui n'ont pas été victimes d'intimidation en 2006, l'étude démontre que 14,8 pour cent des jeunes filles obèses se sont rendues coupables d'intimidation relationnelle en 2007, comparativement à 2 pour cent pour les jeunes filles souffrant de surpoids et 3,8 pour cent des jeunes filles de poids normal.

Les jeunes garçons obèses étaient quant à eux environ deux fois plus susceptibles que les autres d'être victimes ou coupables d'intimidation physique.

«Les jeunes obèses sont des cibles faciles, a dit M. Kukaswadia, un doctorant au département de santé communautaire et d'épidémiologie de Queen's. Il est inquiétant de constater qu'ils commettent aussi des actes d'intimidation, parce que cela veut dire qu'ils sont impliqués autant comme victimes que comme auteurs. Nous trouvons cela vraiment préoccupant.»

Il ajoute ensuite que les données ne permettent pas de déterminer pourquoi les jeunes obèses commencent à poser des gestes d'intimidation. «On soupçonne qu'ils projettent sur d'autres la manière dont ils ont eux-mêmes été traités, mais on ne le sait pas vraiment», a admis M. Kukaswadia.

Les chercheurs ont constaté que les garçons sont plus susceptibles d'être impliqués dans l'intimidation physique, tandis que les filles tendent davantage à l'intimidation relationnelle.

«Les auteurs (d'intimidation) ciblent possiblement ce qui est le plus important pour leurs pairs, à savoir la domination physique pour les garçons, et des relations étroites et intimes pour les filles», ont écrit les scientifiques.

Ils reconnaissent ensuite que la petite taille de l'échantillon de jeunes pourra sous-évaluer l'importance de la relation entre l'IMC et l'intimidation, ce qui freine la généralisation de leurs conclusions à d'autres groupes de jeunes.

Les chercheurs rappellent que des interventions contre l'intimidation mises en place dans les écoles semblent porter fruit, notamment en rehaussant la visibilité du problème, en donnant une voix aux témoins, et en épaulant les victimes. Cibler les jeunes les plus susceptibles d'être intimidés pourrait augmenter l'efficacité de telles interventions, écrivent-ils.

«Je pense que l'étude démontre plus que tout que la mise en place par les écoles - conjointement avec les enseignants, les élèves et les responsables de la santé publique - de programmes inclusifs en milieu scolaire la meilleure méthode pour combattre l'intimidation à l'école», a dit M. Kukaswadia.