À Bordeaux, les professionnels du vin sont unanimes pour souligner que toutes les conditions sont réunies pour faire de 2009 le premier grand millésime du XXIe siècle, d'une qualité qui serait inégalée depuis la fin des années 40.

«La nature s'est montrée extrêmement généreuse, il est somptueux, il est cependant difficile de trouver des comparaisons (...) il faudrait se replonger dans la climatologie des années 40 pour trouver, peut être, des conditions comparables», s'enthousiame Denis Dubourdieu, directeur de l'Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV) à Bordeaux.

«Des millésimes de ce type, il y en a seulement 7 à 8 par siècle», affirme le négociant et dégustateur Jean-Christophe Estève, soulignant que le Bordelais n'a pas connu un si beau mois de septembre depuis 1949.

Les conditions climatiques depuis le début de l'année se sont montrées particulièrement favorables au cycle végétatif de la vigne et à la maturation du raisin, selon le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB).

Les mois de juillet et d'août ont été marqués par «un ensoleillement généreux et des températures élevées», poursuit un communiqué du CIVB.

Cette météo a notamment été «propice à la concentration des arômes et à l'accumulation des anthocyanes (pigments)», souligne le Conseil, ajoutant que ces conditions climatiques ont perduré en septembre avec «un beau temps avec alternance de nuits fraîches et de journées chaudes».

«Une telle arrière-saison après un tel été, c'est assez extraordinaire, on ne peut pas rêver mieux», soutient M. Dubourdieu.

Résultat: pour les vins rouges, «le raisin est sucré, coloré et fruité dans les mêmes proportions que dans les grands millésimes», analyse M. Dubourdieu.

Les «vins blancs secs seront également d'une très grande qualité et pour les liquoreux, la pourriture noble, déclenchée par les pluies de la mi-septembre, sera tout à fait explosive», prédit le directeur de l'ISVV.

Pour Laurent Gapenne, président de la fédération des grands vins, «ce sera un millésime pour toutes les appellations confondues». Il apporte cependant un bémol en soulignant que dans le vignoble de Saint-Emilion, le degré d'alcool pourrait atteindre les 14 degrés, contre des taux avoisinant généralement les 12,5-13 degrés.

«Cela ne gênera en rien la qualité», estime M. Gapenne, même s'il reconnaît qu'aujourd'hui, les consommateurs demandent des degrés d'alcool moins élevés.

«Les tanins et la maturité du fruit font que ce degré d'alcool passera inaperçu», assure M. Estève.

Les spécialistes s'attendent à un bon rendement, qui devrait avoisiner les «50-55 hectolitres par hectare», selon M. Gapenne.

Outre le Bordelais, la plupart des grands vignobles français s'attendent à millésime 2009 de bonne qualité. C'est aussi le cas des producteurs de champagne qui attendent une année exceptionnelle, grâce à des conditions climatiques excellentes.