Cette chronique, vous l'aurez peut-être remarqué, a fait relâche pendant les deux dernières semaines.

J'ai une bonne excuse: j'étais en reportage en Haïti. Me voici donc, dans des dispositions à peu près normales, de retour à mon poste.

Dans ma dernière chronique, signée de Port-au-Prince, je parlais de choses réconfortantes d'Haïti, dont le fameux rhum Barbancourt, jadis vendu au Québec et disparu soudainement au grand dam des amateurs.

 

Vous trouverez à la SAQ un rhum Barbancourt, mélangé avec des fruits et des épices (Barbancourt Pango rhum aux épices et fruits ambré, Code SAQ: 10938967, 29$), mais pas les rhums réserve 7, 10 ou 15 ans qui faisaient le bonheur des amateurs.

La raison est, disons, sanitaire. «Une directive de Santé Canada stipule que la concentration acceptable et sécuritaire de carbamate d'éthyle dans les spiritueux est de 150 ppb. Les rhums Barbancourt ambré et Barbancourt Réserve spéciale ont une concentration de carbamate d'éthyle supérieure à cette limite, la SAQ ne peut donc pas les commercialiser», m'a écrit la direction des communications de la SAQ après que j'eus noté l'absence du rhum en question au Québec.

Qu'est-ce que le carbamate d'éthyle? «C'est un produit dangereux pour la santé, contrôlé par Santé Canada, nous ne pouvons donc pas déroger», m'a-t-on expliqué à la SAQ.

Mais encore? J'ai donc «googlé» carbamate d'éthyle. Voici ce qu'en dit le site de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA): «Le carbamate d'éthyle est naturellement présent dans les aliments fermentés tels que le pain, la sauce de soja et le yaourt, ainsi que dans les boissons alcoolisées telles que le vin, la bière, les spiritueux et, plus particulièrement, les eaux-de-vie de fruits à noyau. Le carbamate d'éthyle est un composé génotoxique et cancérogène multi-site chez les animaux et il est probablement cancérogène aussi chez l'homme.»

Pas très rassurant. Voyons un autre site (www.miseenbouteille.info/contaminant.htm): «Le carbamate d'éthyle présente un risque pour la santé humaine, ce composé étant classé cancérigène (à des doses toutefois beaucoup plus fortes que dans les vins). Le carbamate d'éthyle a plusieurs origines: métabolisme des levures et des bactéries; en particulier il se forme lors de déviations bactériennes pouvant avoir lieu lors de la conservation des vins. Au cours du vieillissement des vins, il est formé à partir de la combinaison de l'éthanol et de l'urée. La teneur en carbamate d'éthyle augmente régulièrement dans le temps pendant le stockage en vrac et en bouteilles, en particulier si la température est élevée. Cette augmentation se manifeste sur plusieurs années.»

Visiblement, il va falloir que la maison Barbancourt et ses agents importateurs règlent ce petit problème avant que ce grand nectar haïtien ne retrouve le chemin des tablettes de la SAQ.

La bière haïtienne, la Prestige, par contre, semble destinée à un brillant avenir à court terme ici.

Au début de l'année dernière, la SAQ en avait commandé 800 caisses (de 24 bouteilles), écoulées rapidement en juin. Un match entre l'Impact et l'équipe nationale haïtienne avait stimulé les ventes de Prestige à ce moment.

Devant le succès de cette opération, la SAQ a commandé et mis en vente 1200 caisses de Prestige à la fin du mois de septembre, qui se sont aussi rapidement écoulées. Une autre commande de 800 caisses est partie tout juste avant le tremblement de terre du 12 janvier et devrait être relâchée sous peu dans le réseau de la SAQ.

D'autres centaines de caisses suivront ce printemps - si la situation en Haïti le permet, évidemment.

MOINS DE 20$

Barefoot Lodi, Zinfandel, Californie

(Code SAQ: 11133175): 9,90$

Je dis souvent à la blague que, s'il n'y avait que du zinfandel, je ne boirais que de l'eau (ce qui serait bénéfique pour mon foie et mon portefeuille, d'ailleurs). Mais voilà, j'ai récemment apprécié le zin de Liberty School et, ô surprise, j'ai bien aimé aussi ce «petit zin» sans prétention. Du vrai «jus» de fruits noirs, chauffé par le soleil californien. Avec un steak ou un hamburger et des champignons sauvages.

Pour joindre notre chroniqueur : vincent.marissal@lapresse.ca