Tout le monde a vu cette publicité géniale de Volkswagen reprenant le sombre personnage de Darth Vader et diffusée pendant le plus récent Super Bowl. Le bambin incarnant le méchant de Star Wars, l'usage de sa «force» dans la maison, son désarroi et la surprise de la fin, tout cela donne une pub franchement drôle.

Mais avez-vous remarqué, dans les dernières secondes, le court texte à l'écran qui ditque la nouvelle Passat sera offerte au prix de départ d'environ 20 000$.

Prix de départ de 20 000$ pour une Passat? Vraiment? Si vous trouvez une telle aubaine au Québec, faites-moi le savoir!

Publicité américaine, prix aux États-Unis, direz-vous. C'eût été une explication il y a quelques années, mais plus maintenant. Avant, on aurait dit 20 000$US, ce qui aurait eu un certain sens avec un dollar canadien à 80 cents US. Mais au taux de change actuel, c'est donc dire que la même Passat coûterait ici moins de 20 000$.

La valeur des devises change, pas les écarts de prix entre le Canada et son voisin. Du moins, pour certains produits.

Prenez les chaussures de course, par exemple. Comment expliquer que la même paire d'ASICS me coûte 70$ de moins aux États-Unis?

On remarque la même chose, vous me voyez venir, pour le vin, ce que tout amateur constatera en visitant l'Oncle Sam.

Vieux débat que celui-ci. Mais notre huard, longtemps déplumé, ayant maintenant atteint des sommets face au billet vert, il est de circonstance de revenir sur le sujet. D'autant plus que l'écart entre les prix pratiqués ici et ceux courants aux États-Unis ne fait que se creuser depuis quelques années.

Mettons tout de suite une chose au clair: je ne suis pas de ceux qui pensent qu'une privatisation de la SAQ se traduirait immanquablement et rapidement par une baisse de prix pour le consommateur. Je ne crois pas non plus que nous serions mieux servis (surtout pas en région) et je conçois aisément que le commerce des produits alcoolisés, exploit par un monopole d'État, serve de taxe indirecte destinée à financer les services publics.

Soit. Mais est-il normal que le consommateur québécois profite si peu de la force du dollar canadien et de l'incroyable pouvoir d'achat de la SAQ? C'est vrai en particulier pour les vins californiens, qui restent dans l'ensemble horriblement chers ici.

Un exemple parmi tant d'autres: la gamme des vins de Coppola (l'assemblage de type bordelais, le merlot et la syrah), vendus ici 27$, 26,05$ et 24$ et que l'on trouve partout en Floride ou dans le Massachusetts (notamment) autour de 19$, 16$ et 14$.

Deux autres exemples californiens: le très bon «cinq cépages» de Château St-Jean, 93$ à la SAQ et... 42$ dans les Costco en Floride; puis les extraordinaires pinot noir de la maison Au Bon Climat, rarement disponibles ici et vendus à fort prix alors que l'on trouve en Floride le vin d'entrée de gamme et le suivant à 22$ et 29$.

En vrac, d'autres exemples: le champagne Drappier carte d'or, 42,75$ ici, 32$ en Floride; Château Talbot, Saint-Julien 2005, 98$ à la SAQ, 49$ chez certains détaillants floridiens; le super Toscan Tignanello 2007, 99$ à la SAQ, 77$ en Floride.

Il existe aussi, consolons-nous, des contre-exemples frappants, comme le Château Pipeau, excellent «petit» Saint-Émilion vendu autour de 29$ en Ontario et, inexplicablement, entre 39$ et 49$ aux États-Unis.

Des mignonnettes à prix indécents

Vue sur le comptoir d'un détaillant de vins et spiritueux de Floride (ABC Liquor Store and Wine Shop): une microbouteille (50 ml) en plastique de Fireball, un whisky à la cannelle produit au Canada, vendu 99 cents!

Les microbouteilles sont disposées à côté de la caisse, avec des paquets de gommes, des briquets et des bâtonnets de boeuf jerky. À ce prix, c'est une incitation à la consommation.

En général, les mignonnettes sont moins chères aussi en Floride. Les 50 ml de vodka Absolut se vendent 1,99$ au lieu de 2,55$ ici et le microflacon de rhum Bacardi, 1,79$ contre 2,65$ ici.

vincent.marissal@lapresse.ca