Les Américains envahiront-ils Cuba, 48 ans après le débarquement avorté dans la baie des Cochons? C'est ce que pensent certains observateurs, comme Rob Hodel, propriétaire de Tico Travel, à Fort Lauderdale, qui, avec sa compagnie DestinationCuba.com, organise les visites dans leurs familles de Cubains exilés aux États-Unis.

Il en est convaincu depuis que le président Obama a ratifié une loi qui lève notamment les restrictions imposées par l'administration Bush aux Cubains exilés qui se rendaient à Cuba pour visiter les tantes et les petits cousins restés sur place. Désormais, ils pourront se rendre dans l'île une fois par an au lieu d'une fois tous les trois ans et envoyer à leurs proches autant d'argent qu'ils veulent.

Rob Hodel - et il est loin d'être le seul - considère que ce geste préfigure une levée complète de l'interdiction faite aux Américains de voyager dans la plus grande île des Antilles.

La levée de l'embargo sur les voyages pourrait avoir des conséquences importantes pour les Québécois qui ont adopté Cuba comme seconde destination outre-mer, après la France. Et notamment celle de faire grimper les prix!

Actuellement, Cuba est la moins chère des trois destinations soleil vedettes (les deux autres étant la République dominicaine et l'axe Cancun/Riviera Maya).

Yvon Michel, président de Tours Mont-Royal, croit qu'une «invasion touristique américaine» aurait deux conséquences. La première, à court terme, serait de faire grimper les prix dans l'île. La seconde, à moyen terme, serait que les grandes chaînes hôtelières américaines comme Hilton, Holiday Inn et autres Sheraton y bétonneraient des kilomètres de plage pour profiter de la manne. Ce qui aurait pour effet de stabiliser les prix.

Mais Cuba conserverait-elle ce charme ambigu qui lui confère un caractère particulier dans la galaxie caraïbe? Non, s'il faut en croire les lecteurs qui ont commenté la question sur mon blogue, en mars dernier, alors que la levée des restrictions n'attendait plus que d'être officialisée.

«J'espère que le gouvernement cubain va contrôler étroitement l'arrivée de compagnies américaines sur son sol et que les chaînes espagnoles de l'île ne céderont pas la place aux Hilton et Holiday Inn de ce monde aussi facilement», écrit un lecteur qui emprunte le pseudonyme de «Shotokandm».

Invasion de McDo?

C'est surtout la perspective de voir les chaînes de restauration rapide américaines essaimer dans l'île qui semble mortifier les personnes qui sont intervenues sur mon blogue. «Je suis allée à Playa del Carmen et les Américains que j'y ai rencontrés ne cessaient de se plaindre: ils attendaient la navette pour aller à Cancun manger au McDo, boire au Hard Rock Cafe et retrouver les endroits qu'ils aiment comme KFC, Pizza Hut, etc.

Ce serait dommage de voir Senor Frog's et McDonald's s'installer à Cuba», commente «Lineni».

Aucun des commentaires recueillis n'entrevoyait l'arrivée des Américains à Cuba d'un oeil favorable. Tous les commentateurs exprimaient, franchement ou implicitement, le plaisir qu'ils prenaient à séjourner dans une île épargnée par le laminoir de l'américanisation.

«J'aime bien cette impression de reculer dans le temps en arrivant à Cuba, observe «Loubia». Espérons que le grand débarquement américain ne viendra pas changer la face de ce beau pays et la mentalité de ses habitants.»