Pourquoi des destinations exceptionnelles restent-elles méconnues? Pourquoi les gens vont-ils au Laos ou en Birmanie, mais pas aux Philippines, qui offrent pourtant une bien plus grande diversité de paysages et de cultures, sans compter les innombrables plages de sable blanc? Pourquoi le Costa Rica et le Yucatan, mais pas la sierra Tarahumara et le canyon du Cuivre, qui est pourtant une des régions les plus spectaculaires des Amériques? Voici une sélection d'endroits qui méritent d'être davantage connus, dont quelques stations balnéaires pour les mordus de plages désertes.

La Papouasie Nouvelle-Guinée

C'est certainement la dernière frontière, celle que bien peu de touristes ont franchie, notamment parce le réseau routier y est peu développé et que l'avion est souvent le seul moyen d'accéder à certaines vallées de l'intérieur encaissées entre de hautes chaînes de montagnes (le mont Whilhelm culmine à 4509 m). Les Huli, qui vivent dans les replis de la vallée de la Tari, les Ambarak de la vallée de la Karawari, les Melpas et les Chimbu des hautes terres de la région du mont Hagen et la majorité des membres des 820 autres tribus vivent repliés sur eux-mêmes, refusant obstinément l'acculturation qui est le lot de la modernité. Hommes et femmes se parent encore de peintures faciales, de coiffures élaborées et de dents de porc. Les guerriers, eux, portent de hideux masques de glaise ou d'argile destinés à inspirer la terreur. Avec notamment 2500 variétés d'orchidées et plusieurs espèces rares de paradisiers, la flore et la faune de Papouasie figurent parmi les plus diversifiées de la planète. On arrive à Port Moresby, la capitale, en provenance de Brisbane ou de Cairns, en Australie, et on emprunte l'avion pour visiter l'intérieur.

Info: www.pngtourism.org.pg

Le train du cuivre dans la Sierra Tarahumara



C'est probablement le trajet le plus spectaculaire qu'un voyageur puisse faire au Mexique. On prend le train du cuivre - El Chepe - dans la ville de Chihuahua, capitale de l'État éponyme. Le chemin de fer serpente à travers la sierra Madre occidentale, et est jalonné par 86 tunnels et 27 ponts dont certains enjambent le canyon du Cuivre - les Barrancas del Cobre - à la hauteur vertigineuse de 1600 m. Elle vient buter contre la mer de Cortès, dans la ville de Los Mochis. Si le trajet ne prend qu'une douzaine d'heures, il faut prévoir quatre ou cinq jours et ménager plusieurs étapes, entre Creel (à 2400 m d'altitude) et El Fuerte, pour découvrir la région. On visite les villages troglodytes des Tarahumara, ces éleveurs de bovins et de moutons qui constituent la plus importante ethnie amérindienne du Mexique. Et on part en randonnée dans le canyon du Cuivre, qui est en fait un système d'une vingtaine de canyons dont cinq sont plus profonds et plus longs que le Grand Canyon du Colorado.

Infos: www.chepe.com.mx

L'Ouzbékistan et les grandes étapes de la route de la Soie

Tachkent, Boukhara, Samarkand... avec leurs mosquées aux dômes et aux minarets ornés de mosaïques turquoise, leurs palais des Mille et Une Nuits, leurs citadelles et leurs médersas à l'architecture raffinée, ces trois étapes mythiques sur la route de la Soie sont réputées être les plus belles villes d'Asie centrale. Moins connue, la ville-musée de Khiva constitue une autre fascinante oasis urbaine dans ce pays de montagnes et de steppes désertiques, le seul, avec le Lichtenstein, à être doublement enclavé (ce qui signifie qu'il faut traverser deux pays avant d'atteindre une mer qui débouche sur l'océan, la mer d'Aral qui baigne le nord du pays étant une mer intérieure). Une partie du pays est également tapissée par deux grands déserts d'Asie centrale: le Karakoum, au sud-ouest, et surtout, le Kyzil-Koum, à l'ouest, réputé pour ses dunes de sable rouge.

Infos: www.uzbektourism.uz/en

Les Philippines

On peut s'étonner que les voyageurs québécois, pourtant en quête de nouvelles destinations asiatiques depuis une quinzaine d'années, boudent cet archipel composé de 7000 îles que même les Européens sont peu nombreux à visiter. Ce n'est probablement qu'une question de temps. Le pays présente une étonnante variété de paysages et de cultures. Pour un premier contact, les visiteurs devront visiter l'île de Luçon, où se trouve la capitale, Manille, et les îles de Palawan et de Bohol. À Luçon, on explore la péninsule de Bicol, au sud, et la région des rizières en terrasse (classées au patrimoine de l'UNESCO) de la cordillère qui couvre le nord de l'île, avec ses villages de tribus de montagnes, dont certaines - les Igorots, notamment étaient des coupeurs de têtes. Si l'île de Boracay, dans l'archipel des Visayas, attire une faune internationale d'initiés, mieux vaut privilégier l'île de Palawan pour ses superbes paysages, et les petits archipels voisins des Bacuit et des Calamianes, où les plages évoquent le mieux l'idée qu'on se fait du paradis terrestre. L'île de Bohol, entre Luçon et Palawan, mérite également le détour pour les paysages des Chocolate Hills (des petites collines qui brunissent en été) et le Tarsier Visitor Center à Corella (le tarsier est un petit primate qu'on ne trouve qu'aux Philippines).

Infos: tourism-philippines.com.

La côte ouest du Groenland



La plus grande île de la planète, que tant d'entre nous survolent pourtant en revenant d'Europe, brille par son absence dans les catalogues des agences de voyages et des grossistes québécois. Il est vrai que l'accès en est difficile, puisqu'on ne trouve de vols pour le Groenland qu'au départ de Copenhague, au Danemark, ou de Reykjavik, en Islande. Seules deux agences montréalaises offrent le produit: Karavaniers, qui propose des expéditions en kayak de mer sur la côte Est, et Uniktour, qui commercialise des croisières dites «d'expédition» au départ de Resolute Bay, au Nunavut. Mais signe avant-coureur d'un engouement? - les compagnies de croisières d'expédition, comme Quark, Polar Star ou Oceanwide, sont de plus en plus nombreuses à envoyer leurs navires dans les fjords encombrés d'icebergs de la côte Ouest. Même les compagnies traditionnelles se mettent de la partie. Cet été, le Costa Luminosa, le Crystal Symphony, la Compagnie du Ponant, des paquebots des compagnies Hurtigruten (Norvège) et Hapag Lloyd (Allemagne) ont inscrit des escales au Groenland sur leurs itinéraires au départ de ports scandinaves, allemands ou néerlandais. Pour les fjords couverts d'icebergs de la baie de Disko, d'Illulissat et de Narsarsuaq, pour la faune (ours polaires, phoques, morses, narvals, pingouins), pour la toundra qui couvre le sud de l'île, pour les paysages de montagnes, pour l'inlandsis (la calotte glaciaire), qu'on effleure au cours des croisières...

Infos: www.greenland.com

Photo: AFP

Les Îles Éoliennes



Même si le nombre de Québécois qui ont arpenté les pavés de Pollara se compte sur les doigts des deux mains, les rues de cette localité de l'île de Salina paraîtront familières à des milliers d'entre eux: c'est ici qu'a été tourné Il Postino, avec Philippe Noiret. Avec ses 2300 habitants répartis entre trois villages, Salina est une des sept îles habitées de l'archipel des Éoliennes. Ce chapelet de gros cailloux volcaniques égrenés au nord des côtes de la Sicile doit son nom à Éole, dieu des vents qui, selon la mythologie grecque, aurait élu domicile à Lipari, la plus grande et, avec 10 500 habitants, la plus peuplée des îles de l'archipel. On s'y prélasse sur des plages encastrées dans des paysages d'une âpre beauté, on visite la vieille ville de Lipari et son acropole, on explore Salina en mobylette de location, on arpente les rues du village piétonnier de Panarea, et, dans l'île éponyme, on entreprend, de nuit, l'escalade du Stromboli (la caldera baîlle à 900 m), un des principaux volcans européens en activité. On y accède par hydroglisseur à partir de Messine (à 1heure de route de Lamezia, desservie en direct par Air Transat, en saison) ou à partir de Naples (5 heures de traversée). En juillet et août, les îles écrasées de chaleur sont envahies par près de 200 000 estivants européens. Mais le reste de l'année, tout n'y est que calme et beauté.

Infos: www.iles-eoliennes.info

Jericoacoara



Il y a un quart de siècle, aucune route ne conduisait à Jericoacoara, village de pêcheur assoupi à 300 km de Fortaleza, sur la côte nord-est du Brésil. Les habitants n'y disposaient ni de l'électricité ni du téléphone et n'étaient pas perturbés par l'actualité mondiale, puisque les journaux ne leur parvenaient pas. Les journaux se sont vengés: en 1984, le Washington Post a inscrit la destination sur sa liste des 10 plus belles plages du monde. Les»backpakers» sont arrivés les premiers, suivi par des bobos amateurs de destinations confidentielles. Aujourd'hui, les habitants de Jericoacoara ont accès à l'électricité, au téléphone et - le comble! - à l'internet. Mais les rues de sable du village ne sont toujours pas asphaltées et son interminable plage festonnée de dunes ne sera jamais dénaturée par des chicots de béton: Jericoacoara est encastrée dans une zone environnementale protégée, à laquelle le gouvernement brésilien a conféré le statut de parc national, en 2002. Amateurs de surf, de kitesurf, de planche à voile ou simplement de bronzette s'y adonnent à leur passe-temps préféré, le jour. La nuit, ils envahissent les bars et les clubs de nuit en plein air pour danser le forro.

Infos: www.jericoacoara.com

Cat Island



C'est l'île est la plus accidentée des Bahamas, qui en compte 700. Le mont Alvernia, qui est le plus haut sommet de l'archipel y dresse sa crête à l'altitude «vertigineuse» de 63 m. Cat Island doit son nom à Arthur Catt, qui exerçait le lucratif métier de pirate au XVIIIe siècle et en avait fait son repaire. Le plus peuplé des trois hameaux de l'île porte d'ailleurs le nom d'Arthur's Town. On y trouve une des plus longues plages de sable rose du monde - elle s'étire sur 12 km - trois hôtels de luxe, une série de confortables villas de location, ainsi que 1650 habitants génétiquement immunisés contre le stress. Bahamas Air et Cat Island Air la desservent à partir de Nassau. Une destination déconseillée aux agités accros au BlackBerry!

Infos: www.bahamas-tourisme.fr/cat_island

Le littoral turc de Bodrum à Fethyié



La Turquie a le vent dans les voiles. Même si elle s'est beaucoup appréciée, la livre turque n'a pas brimé le pouvoir d'achat des voyageurs comme l'euro l'a fait en Grèce ou dans les autres pays de l'Union européenne. Et le pays n'a rien à envier à son voisin grec en matière d'attraits touristiques: ses côtes sont baignées par les mêmes eaux azurées de la mer Égée et avec des sites comme Éphèse, Pergame ou Aphrodisias, les vestiges des métropoles de l'Antiquité y sont aussi spectaculaires. Bien sûr, on va d'abord en Turquie pour Istanbul et la Cappadoce. Mais un séjour dans une des stations balnéaires de la côte Sud et, plus particulièrement sur la portion du littoral aux contours tourmentés comprise entre Bodrum et Fethyié, constitue un merveilleux complément au circuit. Quelques noms de stations intéressantes: Patara (la plus longue plage de la Méditerranée: 18 km), Oludeniz (mais il y a foule en juillet et août), Olympos (plus petit, plus de charme). On peut aussi explorer la côte et les îles qui la ponctuent en goélette.

Infos: www.turquie.com/turquie/vacances-turquie/vacances-bodrum-turquie.asp

Bocas del Toro



C'est une province du Panama, mais c'est surtout un archipel composé d'une demi-douzaine d'îles et d'une myriade d'îlots, dans une partie de la mer des Caraïbes où les fonds marins protégés par un récif corallien sont fréquentés par les tortues marines et, notamment, par la tortue-luth, dont certains spécimens pèsent jusqu'à une tonne. Bourgade typique des Caraïbes, la ville de Bocas del Toro, dans l'île Colon, compte quelques établissements hôteliers agréables. Mais c'est dans les petits hôtels perchés sur pilotis comme le Punta Caracol, sur la côte ouest de Colon, ou ceux de l'île Bastimentos, cernée par un parc national marin, qu'il faut séjourner pour éprouver le sentiment que le temps s'est figé et que le monde s'est arrêté de tourner. Air Panama et Aeroperlas desservent l'aéroport de Bocas del Toro depuis Panama City (un peu moins de 200$ l'aller-retour).

Infos: www.bocas.com

D'autres destinations méconnues

- Sulawesi, en Indonésie, où les Torajas ont conservé leurs coutumes et leur habitat.

- Le Kirghizstan, ses massifs montagneux, ses nomades et leurs troupeaux de yaks.

- Le Monténégro, voisin négligé de la Croatie.

- Le désert Blanc, merveille méconnue de l'Égypte.

- La Syrie, diabolisée par Bush, mais accueillante pour les touristes.

- Santa Teresa Gallura, en Sardaigne

- L'île de Hvar, en Croatie

- Las Galleras, dans la péninsule de Samana, en République dominicaine

- L'archipel des Whitsundays, sur la mer de Corail, en Australie Zipolite, au Mexique