Ce n'est pas la taille qui compte : voilà qui pourrait résumer le succès croissant d'une poignée d'hôtels à New York, qui proposent des chambres exiguës, mais fonctionnelles et abordables.

Il y a le Jane, un petit hôtel de briques rouges contemplant la baie de l'Hudson, dans le West Village, le quartier bourgeois bohème de Manhattan. Revêtement de bois, banquette de velours et moquette orientale, la plupart des 150 chambres font tout juste 4,6 m2 et évoquent des cabines de bateau.

L'immeuble centenaire, qui a longtemps accueilli des matelots puis des personnes défavorisées, attire désormais les touristes qui, pour 100 $ la nuit - 125 $ pour deux lits superposés - , ne s'offusquent pas d'être à l'étroit.

«C'est très bien situé, pas trop cher, et vraiment juste pour dormir», dit l'Allemand Kai Neuhaus, 33 ans, qui a préféré économiser pour mieux profiter de la ville.

Cité classée la plus onéreuse du monde, New York affiche pour une nuit d'hôtel un tarif moyen de 275 $. Mais des adresses comme le Jane proposent des nuitées moitié moins cher, avec couchage étroit et salle d'eau sur le palier.

«En optimisant l'espace, ces hôtels s'assurent un fort retour sur leur investissement immobilier», explique Bjorn Hanson, directeur de l'école d'hôtellerie de la New York University. En s'autorisant aussi des économies de personnel, les micro-hôtels constituent «une niche extraordinairement rentable» sur le marché hôtelier, juge cet expert en tourisme.

Un précurseur

Le précurseur fut le Pod Hotel, ouvert en 2007 parmi les gratte-ciel de Manhattan. L'hôtel propose 345 chambres de 8 à 12 m2, pour 89 $ à 169 $ la nuit. Leur design minimaliste évoque l'intérieur d'un avion, de l'évier en inox encastré dans le mur au signal lumineux à l'entrée indiquant si la salle de bain sur le palier est libre.

Avec une fréquentation moyenne de 93 %, le succès du Pod est tel qu'un second du genre doit ouvrir en 2012, à proximité de la gare de Grand Central.

Et dès le printemps prochain, Yotel ouvrira à Times Square les portes de ses 669 «capsules» de moins de 15 m2, à 150 $ la nuit. Déjà implantée dans les aéroports de Londres et d'Amsterdam, la chaîne britannique propose des cabines futuristes d'inspiration japonaise, éclairées de néon mauve et comprenant un lit, un bureau rétractable et une douche.

Ces hôtels promettent le «micro-luxe» : air climatisé, coffre-fort, télé à écran plat et wifi gratuit. Le Jane fournit même à ses clients une robe de chambre et des chaussons. «On vend des chambres, pas des lits : c'est beaucoup plus propre et haut de gamme qu'une auberge de jeunesse», affirme David Bernstein, directeur du Pod.

Les micro-hôtels offrent aussi des parties communes conviviales : le Pod possède deux terrasses, Yotel prévoit un espace de détente de plus de 1800 m², tandis qu'au Jane, le bar tamisé attire chaque fin de semaine une foule de branchés, donnant aux clients l'impression de vivre, à prix malin, une expérience authentiquement new-yorkaise.

Photo fournie par Pod Hotel