Pour notre numéro spécial «La Presse est à vous», notre lectrice Ysabel Viau nous raconte son voyage.

Venise, belle ville d'eau s'il en est une! Plus de la moitié des habitants y possède une embarcation pour vaquer à son quotidien. Errant d'une piazza à l'autre, le piéton, roi et maître dans cette urbaine sans voiture, peut croiser près de 400 ponts enjambant les 150 canaux qui lézardent la ville. Pour se reposer les jambes ou accélérer l'arrivée à destination, vénitiens et visiteurs disposent de plusieurs moyens : traversier, bateau-taxi, gondole ou vaporetto, genre de métro sur l'eau.  Mais il y a plus audacieux...

À quoi bon payer 100€ la demi-heure au gondolier quand on peut naviguer soi-même les canaux en kayak! Encore peu commune, la visite guidée de Venise en kayak n'est actuellement offerte que par une seule entreprise. Pour environ 125€ par jour et par personne, Venice Kayak (www.venisekayak.com) propose divers itinéraires. On peut choisir de naviguer dans le coeur de Venise de jour ou de soir, ou encore, visiter les îles environnantes - Murano, Torcello et Burano.

Mon fiancé et moi avons choisi Venise de jour. Du départ sur le Lido, île en face du centre urbain, nous traversons d'abord le grand lagon. Tâche houleuse puisque nous partageons la voie maritime avec les vaporettos, traversiers et gigantesques bateaux de croisière. Infiniment petits devant ces colosses, nous pagayons vigoureusement près de 5 km pour atteindre l'autre rive sans nous faire happer, en ballottant au gré des vagues.

Nous traversons d'abord le célèbre Grand canal en passant, entre autres, sous le non moins célèbre pont Rialto. Nous sillonnons ensuite les plus petits canaux de la ville en négociant notre passage avec les gondoliers un brin irrités de devoir partager la voie déjà étroite. Quelle perspective! On a l'impression d'un coup d'oeil privilégié sur l'architecture romanesque de Venise. À ras l'eau (moins polluée qu'on sont l'imaginer), nous visitons la ville « par derrière » en passant sous les ponts, parfois pliés en ramant à bras nus et en souhaitant la marée basse pour éviter d'y rester coincés.

En cours de randonnée, le guide raconte anecdotes et faits historiques en s'arrêtant brièvement à certains sites remarquables. Venise compte ainsi au moins trois tours penchées.

Puis, après cinq heures à pagayer, sauf un arrêt de 45 minutes pour le lunch, nous remettons le cap sur le lagon.

La fatigue accumulée et le trafic maritime de fin de journée rendent la traversée du retour ardue, mais combien gratifiante une fois réussie. Notre compte final : six heures et demie pour parcourir 17,3 km. Mieux vaut avoir la forme et être un peu versé dans le sport pour bien apprécier le périple. Les débutants ou ceux qui n'ont jamais fait de kayak seraient mieux avisés de s'entraîner d'abord sur des eaux plus clémentes et moins encombrées. Mais la perspective unique de l'aventure en vaut nettement l'effort. Effort que l'on peut couronner en s'offrant le plaisir d'un souper à l'italienne, arrosé d'un excellent rouge vénitien.

Que bella Venezia!