L'ancien ministre des Affaires étrangères Maxime Bernier avait peut-être une bonne raison de distribuer des Jos Louis aux soldats canadiens lors de sa visite en Afghanistan, en 2007. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les militaires ne cessaient de réclamer ces petits gâteaux fabriqués en Beauce. À un certain moment, dans les années 40, les commandes de l'armée canadienne représentaient plus du tiers des ventes de la famille Vachon.

L'histoire de l'entreprise, véritable fleuron de Sainte-Marie-de-Beauce, est au coeur de la visite guidée de la Maison J.A. Vachon. Mais on y découvre aussi la vie d'une famille québécoise de la première partie du XXe siècle et la détermination d'une femme dotée du sens de l'entrepreneuriat.

Après avoir vendu leur ferme en 1923, Rose-Anna et Joseph-Arcade Vachon ont acheté la boulangerie et la maison située juste à côté, dans la rue de la Coopérative. L'objectif de Rose-Anna était d'abord de ramener près d'elle 4 de ses 11 enfants qui, faute de pouvoir gagner leur vie en Beauce, s'étaient établis aux États-Unis. La mère avait vu juste, car à mesure que l'entreprise familiale prenait de l'expansion, ses fils sont revenus à Sainte-Marie.

Dès le début, Rose-Anna a songé à faire des gâteaux, mais son mari préférait investir dans le pain. Selon lui, toutes les femmes étaient capables de faire des gâteaux et personne n'en achèterait. Elle l'a d'abord convaincu d'ajouter à sa production quelques brioches, pets-de-soeur, croquignoles et tartelettes au sucre.

De 1923 à 1928, Rose-Anna faisait aussi des gâteaux dans sa cuisine. Après l'école, sa fille Simone remplissait son petit panier et allait les vendre dans les rues du village.

Les gâteaux sont devenus si populaires qu'en 1936, ils rapportaient deux fois plus que la boulangerie. La famille Vachon a alors acheté et transformé une usine de chaussures désaffectée de Sainte-Marie pour la production de ses gâteaux. L'entreprise a connu un grand essor à partir de 1940. Rose-Anna a vendu la boulangerie et ses fils ont étendu leur réseau de distribution dans plusieurs provinces canadiennes et en Nouvelle-Angleterre.

Fortes têtes

Les Jos Louis (dont le nom fait référence aux deux têtes fortes de la famille, Joseph et Louis) sont devenus parmi les plus aimés de tous les gâteaux Vachon. Il était loin, le temps où Rose-Anna les faisait cuire, huit à la fois, dans des couvercles de boîtes de poudre à lever.

Paul, l'ingénieux de la famille, a fabriqué presque toute la machinerie de l'usine. On peut voir à la Maison J.A. Vachon l'un de ses premiers convoyeurs qui a permis d'accélérer la production.

La maison dans laquelle les Vachon ont vécu compte de nombreux trésors, dont un gâteau aux fruits de 1946, homologué dans les records Guinness comme étant le plus vieux gâteau de noces du monde.

Il y a aussi le poêle à bois Légaré de Rose-Anna, les premiers moules à gâteaux, une distributrice à gâteaux des années 60 et plusieurs emballages grâce auxquels on suit l'évolution du logo J.A. Vachon. Une vidéo est consacrée à l'histoire de la famille tandis qu'une autre explique les procédés de fabrication des différents gâteaux.

L'usine, qui appartient maintenant à Saputo, n'est pas ouverte aux visiteurs. Mais on peut voir quantité d'autres bâtiments historiques à Sainte-Marie. Il suffit de suivre le circuit patrimonial qui comprend plus de 20 panneaux d'interprétation ou encore de monter à bord du petit train pour une visite guidée. La carte du circuit patrimonial est offerte à Tourisme Sainte-Marie (333, rue de la Coopérative), d'où part également le petit train.

La Maison J.A. Vachon (383, rue de la Coopérative) de Sainte-Marie est ouverte tous les jours de 10h à 16h durant la saison estivale.

www.vachon.com www.ville.sainte-marie.qc.ca