Voyager, c’est comme rouler sur une route de montagne. Mais parmi les hauts et les bas, il restera toujours ces souvenirs indélébiles qu’on emporte avec soi toute sa vie. Une fois par mois, La Presse raconte les aventures, petites ou grandes, de voyageurs qui n’ont pas froid aux yeux. Aujourd’hui : un père qui aime rassembler ses enfants en organisant des voyages inoubliables.

Quand elle songe à son père, Michel Labrecque, Marie-Hélène Côté le décrit avant tout comme un grand voyageur. Un passionné qui a entraîné ses cinq enfants, issus de trois unions différentes, au fil de ses pérégrinations tout en leur transmettant la piqûre du voyage.

Médecin, il a d’abord voyagé pour son métier — dans les années 1980, il a notamment travaillé aux Comores. Les années passant, la liste des pays qu’il a visités s’est allongée. « Quand il faisait des conférences partout dans le monde, un après l’autre, il nous emmenait avec lui », se souvient Marie-Hélène.

Mais tout est né dans ce premier voyage en Europe, en 1997, les quatre adolescents voyageant seuls avec leur père (le petit dernier n’était pas encore né). Un mois à visiter la France, la Belgique, l’Allemagne… Un voyage « initiatique », souligne Marie-Hélène.

PHOTO FOURNIE PAR MARIE-HÉLÈNE CÔTÉ

Leur premier voyage en Europe, en 1997, alors qu’ils étaient de passage en Belgique. De gauche à droite : David (12 ans), Pascal (10 ans), Michel (44 ans), Marie-Hélène (16 ans) et Isabelle (13 ans).

« Ce qui est un peu drôle, quand je repense à ce voyage-là, c’est qu’on avait fait une grande partie de l’Alsace et mon père nous amenait dans les vignobles. Il dégustait du vin et nous, on lui demandait “Quand est-ce qu’on s’en va ?” parce que c’était plate ! », se rappelle-t-elle en riant.

N’empêche, le périple avait eu le mérite de les rapprocher.

Puis est arrivé ce « deuxième grand voyage » en Californie : « C’était un autre voyage assez initiatique parce qu’on était rendus tous adultes, on avait tous voyagé one on one avec lui. Ça nous a comme soudés en tant que fratrie avec lui. »

Le temps passant, le groupe s’est agrandi autour de Michel, avec les nouvelles unions et les naissances.

En 2011, il louait une grande maison au Costa Rica pour 11 personnes : Marie-Hélène, son conjoint et sa fille, les demi-frères et la demi-sœur de Marie-Hélène (Pascal, David et Isabelle), la conjointe de Michel et leur fils Gabriel (alors âgé de 4 ans), le fils de sa conjointe d’une union précédente et la blonde de celui-ci.

Je crois que c’est quand on est allés au Costa Rica qu’il a réalisé que ça allait être ça, la formule pour pouvoir être une famille, parce que ce n’est jamais évident de rassembler tout le monde.

Marie-Hélène Côté

La famille étant dispersée, les voyages semblaient en effet la meilleure façon de réunir toute la « tribu » autour de leur passion commune.

Défis logistiques

Voyager en grand groupe vient évidemment avec son lot de défis : au Maroc, en 2018, Michel Labrecque a eu l’idée de louer un autobus avec chauffeur pour transporter tout le monde — soit leur record de 12 personnes. Un périple truffé de belles découvertes et que les plus jeunes — la fille de Marie-Hélène et son demi-frère Gabriel, qui ont le même âge — évoquent encore avec émerveillement.

  • Dans l’autobus loué pour transporter tout le monde au Maroc, en 2018

    PHOTO FOURNIE PAR MARIE-HÉLÈNE CÔTÉ

    Dans l’autobus loué pour transporter tout le monde au Maroc, en 2018

  • Les plus jeunes membres de la famille avec Michel, à droite, au Maroc, en 2018

    PHOTO FOURNIE PAR MARIE-HÉLÈNE CÔTÉ

    Les plus jeunes membres de la famille avec Michel, à droite, au Maroc, en 2018

  • Michel qui observe les enfants — Arielle, Félix et Gabriel — en plein apprentissage de l’art de la poterie au Maroc, en 2018

    PHOTO FOURNIE PAR MARIE-HÉLÈNE CÔTÉ

    Michel qui observe les enfants — Arielle, Félix et Gabriel — en plein apprentissage de l’art de la poterie au Maroc, en 2018

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Or, même si l’harmonie règne au sein du groupe, « tu finis par vouloir ton petit moment tranquille », raconte Marie-Hélène, sourire aux lèvres.

C’est ainsi que l’année suivante, lorsque Michel a loué un chalet pour un voyage de ski en famille à Revelstoke, en Colombie-Britannique, le conjoint de Marie-Hélène a pris l’initiative de louer un petit appartement à côté pour sa famille de quatre personnes.

Mais le destin voulait peut-être les voir tous sous le même toit puisque, le jour du départ, une tempête de neige les a cloués sur place et ils se sont retrouvés à 12 dans le petit appartement, le chalet devant être libéré !

PHOTO FOURNIE PAR MARIE-HÉLÈNE CÔTÉ

La tribu au lac Louise, en route pour Revelstoke, en Colombie-Britannique, pour un voyage de ski à Noël 2019

« Quand mon père initie un voyage, il invite tout le monde. Dans l’Ouest canadien, même son ex-femme [la mère d’Isabelle, David et Pascal] est venue avec nous. Ça montre à quel point mon père a des valeurs progressistes. Des parents qui se séparent, ça ne veut pas dire que les enfants vont être malheureux. On a quatre noms de famille différents, mais c’est correct. C’est unique », dit Marie-Hélène entre deux rires, fière de ses valeurs et de son côté rassembleur.

L’an prochain, son père aura 70 ans. Et le mystère plane encore sur leur prochaine destination familiale, même si Marie-Hélène a déjà quelques idées. « Comme mon frère Pascal est à Singapour, j’ai l’impression qu’il va nous annoncer qu’on va tous là dans les prochaines années », s’exclame-t-elle en riant.

Chose certaine, ce sera assurément un voyage qui leur laissera à nouveau d’heureux souvenirs.

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