Omniprésent dans le temps des Fêtes, il pourrait être appelé l’oiseau de Noël. Papier d’emballage, cartes de souhaits et tant d’autres objets décoratifs le mettent en vedette à cette période de l’année, habituellement sur fond de neige.

Mais contrairement au bonhomme à barbe blanche, le cardinal rouge est objet de bonheur toute l’année. Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette splendeur emplumée. À preuve, il est l’emblème aviaire de sept États américains, le baseball et le football professionnels comptent chacun une équipe à son nom, il est la mascotte d’innombrables organisations sportives universitaires et scolaires. Les vendeurs de mangeoires et de nourriture pour les oiseaux sauvages misent aussi sur sa beauté pour attirer les ornithologues amateurs.

Propriétaire de la boutique Nature Expert, dans l’est de Montréal, Alain Goulet confirme que l’oiseau rouge est l’espèce la plus prisée des amateurs disposant de postes d’alimentation. « Tout le monde veut attirer un cardinal chez soi. Il exerce une fascination incroyable. Au point que tout objet où on retrouve sa photo ou sa représentation se vend facilement. »

Un oiseau en expansion

Jadis très rare au Québec — le premier nid de cet oiseau fut découvert dans les années 1960 —, le cardinal rouge a connu une expansion spectaculaire chez nous au cours des 30 dernières années, un phénomène en partie attribuable au nourrissage hivernal et aux hivers moins froids. Facile à observer, le mâle attire l’attention par son coloris flamboyant, la verdâtre femelle étant plus discrète dans ses atours. Son comportement ajoute aussi à sa popularité.

PHOTO PATRICIA PIERCE, WIKIMEDIA COMMONS

Le cardinal rouge doit son nom au prélat homonyme. Si la livrée du mâle est spectaculaire, celle de la femelle, verdâtre, se fait plus discrète, un atout pour celle qui a la charge de couver la future marmaille.

Premier arrivé aux mangeoires le matin, il est souvent le dernier à partir en fin de journée. Il cohabite avec nous à longueur d’année et il est monogame, bien qu’on ait déjà vu des femelles partager le même nid et le même père. Chaque couple élève deux nichées annuellement. Le mâle nourrit la femelle au nid durant l’incubation, mais prend en charge les trois ou quatre petits de la première couvée pendant que madame s’occupe de la progéniture à venir. Mâle et femelle chantent, parfois même en duo, et des analyses acoustiques ont démontré que madame peut indiquer au conjoint le moment propice pour apporter la nourriture au bercail.

Un comportement parfois déroutant

Durant la période de reproduction, les parents n’hésiteront pas à chasser tout congénère qui tente d’envahir leur territoire. La situation amène souvent les mâles à s’obstiner des jours ou même des semaines à chasser un hypothétique compétiteur qui n’est autre que leur propre reflet dans une fenêtre ou un miroir. Autre aspect déroutant : durant la mue, certains deviennent complètement chauves alors qu’en hiver, d’autres vont parfois « goûter » des lumières de Noël, croyant qu’il s’agit de petits fruits.

Le cas le plus étonnant reste probablement ce mâle altruiste qui se plaisait à nourrir sept gros poissons rouges dans un étang !

Si charmant soit-il, le cardinal peut être agressif au poste d’alimentation envers les plus petits que lui. Mais son existence n’est pas de tout repos pour autant. Les œufs, les oisillons ou les adultes figurent régulièrement au menu d’une foule de prédateurs comme le chat, l’écureuil gris, le raton laveur, l’épervier de Cooper, le geai bleu et même le minuscule tamia rayé. Il doit aussi composer avec un cortège de mini-vampires, car il est très prisé des moustiques. Fait exceptionnel chez les oiseaux, son organisme éliminerait le dangereux virus du Nil occidental, si bien qu’il ne peut transmettre le parasite à un autre moustique. Une raison de plus pour tenter de l’attirer dans sa cour.

  • Calibrée en fonction du poids de l’oiseau, la mangeoire à balancier permet d’alimenter exclusivement le cardinal.

    PHOTO PIERRE MORIN, FOURNIE PAR NATURE EXPERT

    Calibrée en fonction du poids de l’oiseau, la mangeoire à balancier permet d’alimenter exclusivement le cardinal.

  • Une femelle cardinal dans un autre type de mangeoire

    PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

    Une femelle cardinal dans un autre type de mangeoire

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Il suffit de jeter un coup d’œil sur l’internet pour voir d’ailleurs le nombre considérable de mangeoires qui lui sont destinées. Alain Goulet conseille celle qui est dotée d’un balancier adapté au poids de l’oiseau, lui permettant ainsi un accès exclusif à la nourriture. Fabriquée au Québec et vendue autour de 50 $, cette mangeoire permet d’offrir du carthame, des graines très appréciées par notre oiseau de feu, mais dédaignées par les écureuils. Peu importe le menu offert et sa présentation, le cardinal apprécie aussi le tournesol noir et plusieurs autres céréales. À l’occasion, il décortique même les arachides en écales.