Gratte-ciel à perte de vue, affichages lumineux éblouissants, looks excentriques, Tokyo peut se faire étourdissant par moments. Notre journaliste s'est laissé porter par le quotidien des Tokyoïtes et nous raconte cette ville immense et unique, à travers une demi-douzaine de ses quartiers.

Je suis arrivée tôt à mon hôtel, le Excel Hotel Tokyu, une grande tour située dans le quartier de Shibuya. La vue de ma chambre, située au 16e étage, était impressionnante. Une mer de gratte-ciel. Cet avant-goût de tous les quartiers que j'avais à découvrir me donnait presque le vertige, mais en même temps, cette vue me faisait sentir petite dans une grande urbanité: en plein le sentiment auquel l'on s'attend et que l'on veut ressentir en choisissant de visiter Tokyo.

Première sortie: Shibuya, le quartier des jeunes, celui du fameux carrefour qui fait traverser plusieurs fois par heure des milliers de gens.

Au menu, le sport national des Tokyoïtes, le shopping. En mettant les pieds dehors, j'ai rapidement su que mon passe-temps à Tokyo serait en fait d'observer les gens. Surtout à Shibuya, où de nombreux jeunes affichent un style excentrique.

Un arrêt s'impose au magasin Shibuya 109, qui fait plusieurs étages. Pensez à la musique trop forte et aux vendeurs survoltés d'un magasin comme Aldo, rue Sainte-Catherine, à Montréal,  à la puissance 10! Dès qu'un client entre dans le magasin, où on vend des vêtements pour ados, les vendeuses crient!

Et que dire du look des fameuses mambas, ces filles au style aguichant qui portent des minijupes ou des cuissardes, arborent un bronzage artificiel et du fard plein les paupières.

À Shibuya, il y a aussi un magasin de la chaîne Uniqlo, ce géant japonais dont les vêtements pour femmes font penser à la marque Twik de chez Simons. On trouve aussi des Zara, des H&M et compagnie, plusieurs boutiques de disques et de vinyles (Tower Records, notamment) et des magasins d'articles de maison irrésistibles, comme le Loft ou Tokyu Hands.

Les restos sont aussi fort nombreux. J'ai mangé dans un délicieux bistro de tapas appelé Bento, situé dans le Shibuya Mark City. Pas loin de là, j'ai commandé un excellent tartare de saumon chez Pronto, et des pâtes aux influences méditerranéennes chez Frames. J'ai aussi visité un resto où les clients sont assis autour d'un comptoir de sushis et prennent, au choix, ceux qui passent devant eux sur un petit tapis roulant.

Comme partout à Tokyo, Shibuya offre un grand choix de boulangeries françaises. Ma préférée? Jean-François, située aussi dans le Shibuya Mark City.

NAKAMEGURO et DAIKANYAMAN

Le lendemain, un défi énorme m'attendait: comprendre le système de transports en commun. En vain... Il faut savoir que les multiple lignes de train et de métro de Tokyo appartiennent à des entreprises différentes, qui ont leur propre système de tarification. Le prix du billet varie aussi en fonction du trajet parcouru. Bref, c'est très compliqué. Un conseil: tenez-vous en à la ligne JR si vous le pouvez.

Destination: Nakameguro. Récemment, The New York Times et The Guardian ont consacré des articles à ce «nouveau quartier émergent». Il est vrai que Nakameguro est un endroit charmant et que le rythme y est plutôt relax, surtout si on le compare à Shibuya.

Je suis entrée dans plusieurs boutiques indépendantes qui faisaient très SoHo, et dans une superbe petite librairie appelée Cowbooks. Mais j'ai surtout aimé Nakameguro pour la balade le long la rivière Meguro, traversée par plusieurs ponts.

Dans ce secteur, l'hôtel le Claska est reconnu pour son design. À défaut d'y loger, on peut admirer son hall.

Non loin de là se trouve Daikanyaman, un quartier dit «bobo» avec des boutiques à l'architecture avant-gardiste, construites dans des ruelles. On y trouve des friperies et des cafés comme on en voudrait à côté de chez nous.

Photo: Émilie Côté, La Presse

Un comptoir de sushis sur tapis roulant.

ROPPONGI HILLS

Le complexe Roppongi Hills est assez loin de l'avenue Omotesando, mais j'ai décidé d'y aller à pied en passant par le cimetière d'Aoyama. J'étais seule ou presque à y marcher dans les allées. Étrange sensation de calme. À Tokyo, en général, on a la constante impression d'être perdue au milieu d'une mer humaine.

On aperçoit la tour du complexe Roppongi Hills du cimetière. Roppongi Hills, c'est un complexe - aussi appelé Artelligent City - appartenant au puissant homme d'affaires Minoru Mori. Il abrite des restaurants, des musées, des bureaux, des appartements, un cinéma, un studio de télé, des parcs, etc. Il faut y aller pour voir les escaliers en forme de colimaçon.

Moyennant 15$, on peut se rendre presque au sommet des 54 étages de la Roppongi Hills Mori Tower. La vue est à couper le souffle. Le billet d'entrée comprend une visite du Mori Art Museum.

Photo: Émilie Côté, La Presse

Le cimetière d'Aoyama

SHINJUKU

Shinjuku, c'est d'abord la station de métro la plus fréquentée au monde, avec 3,6 millions de personnes qui y transitent chaque jour. Effrayant!

Shinjuku, c'est aussi un immense carrefour de commerces, là où les grandes entreprises japonaises ont leurs bureaux. C'est aussi là qui est situé le Park Hyatt Tokyo, qu'on a pu voir dans le film Lost in Translation. On peut d'ailleurs facilement se prendre pour les personnages de Bill Murray et de Scarlett Johansson en prenant un verre au New York Bar du 52e étage et en écoutant du jazz en direct.

Shinjuku est aussi réputé pour son red light et son quartier gai. Un arrêt s'impose au magasin Comme les garçons.

Photo: Émilie Côté, La Presse

IKEBUKURO

Ikebukuro, c'est le quartier idéal pour observer les Tokyoïtes dans leur vie quotidienne. Après le travail, par exemple, ils sont nombreux à fumer cigarette sur cigarette dans les salles de jeux électroniques.

Ce quartier est un bon endroit pour acheter quelques souvenirs. Au dernier étage du centre commercial Marui City, on trouve par exemple une belle boutique de bédés.

OMOTESANDO/ TAKESHITA-DORI

Vous avez sans doute déjà entendu parler des Harajuku girls, ces filles déguisées en poupées ou en lolitas-gothiques qui se donnent rendez-vous tous les dimanches, à Tokyo? Eh bien, elles ne sont plus que quelques-unes à se retrouver sur le pont situé entre la station de métro Harajuku et le parc Meiji-jingu. Les touristes munis d'appareils photos sont maintenant plus nombreux qu'elles...

Pas grave, le parc Meiji-jingu vaut à lui seul le déplacement. Il s'agit de l'un des plus beaux sanctuaires shinto de Tokyo. Construit en 1920 en l'honneur de l'empereur Meiji et de son impératrice, il abrite un très beau jardin.

Je suis ensuite passée du calme à la «tempête», en descendant la fameuse ruelle Takeshita-dori, un paradis pour les adolescentes. C'est comme un monde de poupées, avec des centaines de boutiques «rose bonbon». Il y avait un monde fou. Les jeunes faisaient la file pour acheter ce qui ressemblait à des crêpes à la crème glacée fluo.

L'avenue Omotesando, que certains comparent aux Champs-Élysées de Paris, non loin de là, était tout aussi noire de monde.

Contrairement à Takeshita-dori, Omotesando est très chic: Channel, Christian Dior, Louis Vuitton et Jimmy Choo y ont pignon sur rue. Il y a aussi un centre commercial hyper tape-à-l'oeil, ouvert en 2006 et conçu par l'architecte Tadao Ando.

Photo: Émilie Côté, La Presse

Le sanctuaire du parc Meiji-jingu

AUSSI À VOIR

-Le marché de poissons de Tsukiji

Le plus grand au monde. On s'y rend tôt le matin pour voir la vente aux enchères des poissons, dont le thon rouge (une espèce menacée d'extinction), puis on en profite pour y manger de sushis hyper frais. Station de métro Tsukiji-Shijo.

-Un match de sumo

 Il faut s'y prendre d'avance pour les billets, qui sont assez chers. Il faut aussi que les dates de notre voyage concordent avec celles des tournois. Infos: www.sumo.or.jp

-Akihabara

Appelée «la ville électrique», Akihabara est le paradis des amateurs de mangas, de jeux vidéo et de gadgets électroniques. Toutes les indications pour s'y rendre se trouvent à la station de métro Akihabara, sur la ligne JR.

-De la poutine à Tokyo!

Les Québécois qui ont le mal du pays à Tokyo peuvent se consoler en mangeant... de la poutine! La chaîne de restaurants Becker's offre notre «plat national» à son menu. Mais bon, cela n'a pas le goût de chez nous: tout est dans le fromage! Il y a plusieurs succursales à Tokyo, souvent situés près des stations de métro. Info: www.jefb.co.jp/beckers

Photo: Émilie Côté, La Presse

La rivière Meguro

REPÈRES

Y aller?

Il faut prévoir un séjour d'au moins quelques jours à Tokyo, pour avoir le temps de découvrir l'immense ville. Un séjour plus long permettra de visiter d'autres villes comme Kyoto et Osaka ou encore faire de la randonnée au mont Fuji.

Combien ça coûte

De Montréal, un billet d'avion aller-retour Tokyo en coûte environ 1500$. En excluant le billet d'avion et l'hôtel, il faut prévoir 50$ pour manger trois repas par jour au restaurant. Mais ce sera difficile de respecter son budget... Magasiner et consommer est un sport national à Tokyo.

Où loger?

Une chambre d'hôtel à Tokyo sera petite par rapport à celle qu'on peut avoir au même prix dans une autre grande ville du monde. Mais elle sera peut-être au 15e étage d'une tour, avec une vue incroyable sur la mégalopole japonaise. Pour se loger à moindre coût, il y a les chambres «capsules», les auberges de jeunesse, les business hotels, les love hotels et, pour le plus long terme, il y a les guesthouses.

Où manger

On peut manger de tout à Tokyo, dans un grand restaurant comme dans une «cantine» à sushis. Les prix ne sont pas si élevés. Les boulangeries françaises sont très nombreuses.

La météo

Tokyo jouit d'un climat relativement agréable toute l'année. Les hivers sont doux et secs. La neige y est rare car la moyenne minimale est d'environ 5 degré Celcius en janvier et février. Le printemps et l'automne sont peut-être les saisons idéales pour aller à Tokyo, car les étés sont assez chauds (maximums moyens de 28 et 29 degré Celcius en juillet et août) et peuvent être très humides.

Office national de tourisme japonais au Canada: www.ilovejapan.ca

Les frais d'hébergement de ce reportage ont été payés par I love Japan.  

Photo: Émilie Côté, La Presse

Un taxi dans les rues de Tokyo