Avec ses petites maisons colorées accrochées aux flancs rocheux, Saint John's, capitale de Terre-Neuve, dégage un charme rugueux qu'on ne retrouve nulle part ailleurs sur le continent. Dépaysement garanti.

Jour 1

9h30

Une ville pour les marcheurs

Grimper les rues et les escaliers escarpés de Saint John's est un bonheur pour les marcheurs. Ça tombe bien, la plupart des centres d'intérêt sont accessibles à pied. Pour comprendre ces Terre-Neuviens méconnus, je décide de visiter d'abord The Rooms, un musée perché tout en haut de la ville. Inauguré il y a moins de trois ans, cet édifice moderne héberge à la fois les archives, la collection d'oeuvres d'art et le musée d'histoire de la province. Je découvre avec étonnement les timbres et la monnaie qu'on utilisait ici durant la première moitié du XXe siècle. Avant de devenir une province canadienne, en 1949, Terre-Neuve était un territoire britannique qui jouissait d'une grande autonomie. Et je suis touchée par l'isolement des petites communautés de pêcheurs éparpillées le long du littoral. À chaque étage, je m'arrête pour contempler le port par les immenses baies vitrées.

12h 30

Signal Hill

Toujours à pied, je prends la route qui mène à Signal Hill, croisant en chemin les canons qui gardaient jadis l'entrée du port, environ 200 mètres plus bas. Cet ancien site militaire offre un contre-champ remarquable au décor observé du musée. Quelques minutes plus tard, j'arrive à la tour Cabot, construite en 1897 pour commémorer le 400e anniversaire de l'arrivée du célèbre explorateur à Terre-Neuve. L'endroit est devenu célèbre quatre ans plus tard lorsqu'un autre Italien, Guglielmo Marconi, y a effectué la première transmission télégraphique au-dessus de l'Atlantique. Le signal envoyé des Cornouailles, à 2700 km de là, a ainsi pu être capté très rapidement. Aujourd'hui, on peut envoyer une carte postale estampillée de cette tour qui mettra plusieurs jours à se rendre à destination. Et il paraît que les communications n'ont jamais été aussi efficaces...

15h

Magasinage

C'est le temps de redescendre faire un peu de lèche-vitrine. Le magasinage, comme chacun sait, est une excellente façon de prendre le pouls d'un endroit. C'est aussi vrai à Saint John's qu'ailleurs. Les boutiques situées le long des rues Duckworth et Water ne sont pas très nombreuses, mais plusieurs offrent des trouvailles intéressantes. C'est le cas de Living Planet, qui propose une variété de t-shirts illustrés par des dessinateurs locaux, et de Johnny Ruth, qui se spécialise dans les créations de designers canadiens. Je m'arrête chez Auntie Crae's, une charmante épicerie fine aux allures de magasin général. Ici, les produits importés ne viennent pas de France et d'Italie, mais d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande, pour plaire à la clientèle restée proche de ses racines. Transie par le crachin qui s'acharne sur la ville depuis le matin, je commande un scone maison et un thé brûlant que je savoure dans ce décor hors du temps. Toujours à la recherche de l'ultime souvenir ironique, je me dirige ensuite vers le magasin signature du Newfoundland Labrador Liquor Corporation (la SAQ locale) où j'achète quelques mignonnettes de screech, le redoutable rhum brun local. À moins d'être né ici, le format miniature suffit amplement!

18h

Cuisine terre-neuvienne

Poursuivant ma quête de spécialités locales, j'aboutis chez Velma's, une référence en matière de cuisine terre-neuvienne. Fréquenté par la clientèle du coin, ce petit resto n'a rien de coquet ni de folklorique, mais l'authenticité est au rendez-vous. Les langues de morues frites parsemées de scrunchions (minuscules dés de lard salées) valent le détour. Pas de doute, les pêcheurs en haute mer devaient avoir besoin d'autant de calories que les bûcherons de chez nous.

21h

Aura gothique

Pour digérer tout ce gras, une petite promenade s'impose. D'autant que la paisible capitale se drape, à la nuit tombée, d'une aura gothique assez particulière. L'arche de la basilique St. John the Baptist en devient encore plus impressionnante et la cathédrale anglicane, sur Church Hill, prend des allures vraiment mystérieuses.



Jour 2


9h

Un village de pêcheurs

Après avoir loué une voiture, je me rends à Quidi Vidi, pittoresque village de pêcheurs situé à quelques minutes seulement de la ville. Je remarque que plusieurs des maisonnettes sur pilotis arborent le même étendard vert, blanc et rose que j'ai vu flotter ailleurs dans la région. Ce n'est pas un drapeau irlandais délavé, mais celui, non officiel, de l'île de Terre-Neuve. Les habitants de la province, qui se demandent encore s'ils ont bien fait d'adhérer à la Confédération, sont de plus en plus nombreux à accrocher ce symbole nationaliste à leurs balcons.

14h

Le bout du continent

Direction Cape Fear. Situé à une quinzaine de kilomètres de la ville, ce parc fédéral abrite le plus ancien phare de la province, un petit centre d'interprétation et des sentiers pédestres. Mais surtout, cette pointe battue par les vents est la plus à l'est de tout le continent nord-américain. La vue, évidemment, est à couper le souffle.

22h

Une foule joyeuse

La soirée est jeune sur George Street. Je renonce à faire le décompte exact des dizaines de pubs et de bars qui bordent cette célèbre artère. D'ailleurs, la plupart se ressemblent beaucoup. Et j'accélère le pas en passant devant Traper John's, pub réputé pour ses initiations au screech. La rue, piétonnière le soir, s'emplit peu à peu d'une foule joyeuse et communicative.