Extrêmement populaire dans les années 70 et 80, le ski de fond a été détrôné par la suite par le ski alpin et la planche à neige. Toutefois, ce sport nordique par excellence semble revenir en force. À preuve, le nombre d'enfants inscrits aux programmes Jeannot Lapin et Jackrabbit (tous les deux chapeautés par Ski de fond Québec) ne cesse d'augmenter. Et si toute la famille se faisait fondeuse?

Le ski de fond revient de loin. Surtout auprès des jeunes. Il y a 30 ans, grâce au programme Iniski, chaque école primaire du Québec (ou presque) possédait des équipements de ski de fond. Aujourd'hui, ces équipements sont désuets ou ont carrément disparu de la circulation.

 

«On sent toutefois qu'il y a une volonté de ramener le ski de fond parmi les activités scolaires. Plusieurs écoles m'appellent pour me demander de l'information. Il y a aussi des centres de motoneige qui veulent se convertir en centres de ski de fond. J'ai eu trois demandes en ce sens rien que dans la région de la Beauce. Ce genre de demande m'allume énormément», explique Sylvie Halou, directrice générale de Ski de fond Québec.

Mme Halou ne se fait pas d'illusions: le Québec a très peu de chances de suivre les traces des pays scandinaves, où le ski de fond est quasiment une religion. «Ici, la religion, c'est le hockey! Mais il n'y a pas que le hockey contre lequel nous devons nous battre. La natation, le soccer intérieur... en fait, tous les autres sports», dit Sylvie Halou. Or, selon elle, le ski de fond reste le sport le plus complet, celui qui permet une «dépense aérobique» absolue.

À Oslo, en Norvège, on initie les enfants au ski de fond à 3 ans. À l'adolescence, la plupart d'entre eux délaissent ce sport au profit du ski alpin ou de la planche à neige, mais lorsque ces jeunes fondent une famille, ils reviennent immanquablement au ski de fond.

Depuis quelques années, le nombre de jeunes québécois qui s'initient à la glisse serait en hausse. Plusieurs centres de ski de fond qui offrent les programmes Jeannot Lapin (4 et 5 ans) et Jackrabbit (6 à 9 ans) disent connaître un boom. C'est le cas au parc du Mont-Royal, au parc national d'Oka et au parc national du Mont-Saint-Bruno, où le nombre d'inscriptions n'a jamais été aussi élevé.

Les programmes Jeannot Lapin et Jackrabbit privilégient une approche ludique. Au moyen de jeux, on y acquiert l'équilibre, mais aussi différentes compétences techniques comme la vitesse, la régularité, etc. Bien que ces programmes (qui durent habituellement huit semaines) soient déjà lancés depuis la mi-janvier, certains centres accueillent toujours les nouveaux venus. Autrement, il vaut mieux réserver le plus tôt possible sa place pour l'an prochain.

La popularité des programmes jeunesse n'est pas le seul élément qui tend à démontrer que le ski de fond connaît un nouveau souffle. De plus en plus de familles choisissent la quiétude en forêt plutôt que les files d'attente au pied des remontées mécaniques. André Corriveau, homme d'affaires de Bromont, en est un exemple probant.

Depuis deux ans, M. Corriveau, sa conjointe et leurs deux enfants, de 8 et 10 ans, ne fréquentent presque plus les pentes de Bromont. Ils préfèrent les sentiers tracés du parc national du Mont-Orford ou du centre de ski de fond Les Cèdres, près de Granby. «Et ce n'est pas comme si on traînait les enfants de force. Encore ce week-end, nous avons fait 10 km en famille et les enfants se sont beaucoup amusés», explique André Corriveau.

La famille bromontoise ne fait d'ailleurs pas bande à part. «Je connais quelques familles qui n'ont pas pris leur abonnement de ski alpin cette année et qui ont opté pour le ski de fond. J'imagine que c'est cyclique, que le ski de fond redevient à la mode. En tout cas, je vois beaucoup de jeunes qui sont des mordus et qui sont très bons. Et quand ils découvrent le pas de patin, ils ont la piqûre», note André Corriveau.

Le Québec compte plus de 225 centres de ski de fond, presque trois fois plus que de stations de ski alpin. Un abonnement de saison dans un centre de ski de fond coûte à peu près le même prix qu'un billet d'une seule journée de ski alpin.