Sur cette longue étendue de sable de la côte pacifique, au Mexique, à une cinquantaine de kilomètres au nord d’Ixtapa, il n’y a ni parasols ni chaises longues. C’est là que des bébés tortues font leurs premiers pas vers l’océan – un moment magique auquel il est non seulement possible d’assister, mais également de participer, et qui a même arraché quelques larmes à notre fils de 5 ans.

Voilà 19 ans maintenant que la plage d’El Petatillo, essentiellement fréquentée par les habitants de la ville toute proche de La Unión, abrite un refuge pour les tortues marines Golfina. Notre guide d’Ecotours Ixtapa-Zihuatanejo (l’un des intermédiaires qui offrent des excursions de « libération des bébés tortues » dans la région), Julio Espino, nous explique que ce « campamento tortuguero » – littéralement « camp de tortues » – est né de l’initiative de Felix et Chucha, un couple dans la soixantaine qui demeure en retrait alors que le groupe de touristes s’installe.

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La plage d’El Petatillo, où les bébés tortues s’apprêtent à gagner l’océan, sous la surveillance du guide Julio.

Durant la saison de nidification des tortues, qui s’étend de septembre à mai, Felix arpente la plage durant la nuit et déplace les nids dans des enclos sécurisés où ils seront à l’abri durant les 45 jours précédant l’éclosion.

Avec des estimations d’environ 1 tortue marine sur 1000 qui atteint l’âge adulte (toutes espèces confondues), nul doute qu’elles ont besoin d’être protégées pour avoir une chance de survivre.

Notre guide Julio nous tend seaux et gants, tout en nous expliquant qu’il faudra 10 ans pour qu’une tortue née sur cette plage retourne y pondre ses œufs. Pendant ce temps, Chucha prépare derrière ses fourneaux sa spécialité, des sopes, ces tortillas épaisses et à base de maïs, garnies de fromage, qui seront dégustées avant de partir.

À pas de tortue

Lorsque le moment d’accueillir les bébés tortues arrive enfin, on se déplace une famille à la fois vers le nid où de toutes petites formes grises sortent laborieusement du sable. On en saisit une par la carapace et on la dépose dans le seau en attendant qu’elle se « réveille » complètement, suivant les conseils de notre guide.

  • On porte des gants pour ne pas contaminer les tortues.

    PHOTO LAILA MAALOUF, LA PRESSE

    On porte des gants pour ne pas contaminer les tortues.

  • Une tortue qui vient de sortir de son nid

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    Une tortue qui vient de sortir de son nid

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Tous les yeux sont rivés sur ces petites bêtes qui se démènent pour sortir, et c’est avec fébrilité que le groupe se dirige vers la plage, seau en main. Julio trace une ligne sur le sable où l’on dépose les tortues, sous le regard des enfants du coin qui ont interrompu leur baignade pour venir s’attrouper autour de nous.

Après quelques pas hésitants, les bébés tortues commencent lentement à se diriger vers l’eau. Le mouvement des marées en emporte quelques-unes tandis que d’autres peinent à effectuer ce court trajet qui, sans la présence des humains, ferait d’elles des proies idéales pour les nombreux oiseaux marins dont les cris stridents déchirent le ciel au-dessus de nos têtes.

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Les bébés tortues gagnent lentement la mer.

Une nouvelle vague emporte les dernières tortues. Mon fils se retourne vers nous, le visage baigné de larmes – « sa » tortue est partie. Qui sait qui, d’elle ou de nous, reviendra le premier sur cette plage.

L’excursion, qui est offerte de septembre à mai, s’effectue généralement en après-midi et dure un peu plus de trois heures, aller-retour vers l’hôtel compris (compter de 45 minutes à 1 heure de route entre le refuge et la station balnéaire d’Ixtapa). Les prix varient autour de 150 $ par personne, pourboire non inclus.

Consultez le site d’Ecotours Ixtapa-Zihuatanejo