Le président du Mexique, Felipe Calderon, s'enfonce dans une crevasse, remonte une rivière et escalade des pyramides dans l'espoir de relancer l'industrie du tourisme de son pays.

À 49 ans, le leader tente de changer la réputation du Mexique, autrement plus connue pour sa violence. M. Calderon se présente ainsi comme une sorte de guide touristique dans une série d'épisodes qui seront diffusés à travers les États-Unis sur la chaîne d'État PBS (Public Broadcasting Service) dès septembre.

Vêtu d'un chapeau à la Indiana Jones et équipé d'un harnais, M. Calderon descend dans la caverne Sotano de las Golondrinas, d'une profondeur de 375 mètres. Il est accompagné de Peter Greenberg, qui anime la série télévisée «The Royal Tour». Puis, le président mexicain enfile des réservoirs d'air comprimé avant de plonger dans un puits sacré du Yucatan. Aussi porte-t-il assistance à un autochtone Lacandon qui pagaie le long d'une rivière qui sillonne dans une forêt du sud de l'état de Chiapas.

Dans les vidéos de 30 minutes, l'image de M. Calderon détonne avec celle, plus austère, à laquelle le public est habitué. Le politicien est connu pour avoir lancé une offensive sanglante et controversée contre les cartels de narcotrafiquants. Selon un assistant, il devrait se rendre à la première de la série télévisée, qui aura lieu à New York en septembre.

«J'ai d'autres tâches qui sont plus dangereuses», lance M. Calderon à la blague, pendant qu'il se balance sur une corde qui lui permet d'amorcer une descente de plusieurs mètres jusqu'au sol. L'endroit où il se trouve est situé dans la région de Huasteca. Le paysage, une jungle parsemée de cavernes, de chutes et de plans d'eau cristalline, est à couper le souffle.

Le président troque ensuite son chapeau d'explorateur pour un casque et une lampe frontale afin de descendre dans la grotte de Golondrinas, en référence aux nombreux oiseaux qui y vivent. Puis des images montrent M. Calderon, sous l'eau dans un puits sacré du Yucatan, ponctuée de stalactites, alors qu'il signale à la caméra que tout va bien.

Selon les analystes, ces vidéos s'éloignent de l'image solennelle qui caractérise, depuis longtemps, la politique mexicaine. Elles correspondent néanmoins au style de M. Calderon, qui utilise les médias pour faire passer ses messages et qui cherche à projeter l'image d'un homme fort.

«Ça a toujours été son but, projeter l'image d'un homme macho», a observé John Ackerman, de l'institut légal de recherche de l'université nationale autonome du Mexique. En 2007, peu après qu'il eut demandé l'implication de l'armée dans son offensive contre les cartels de la drogue, M. Calderon a fait fi de la tradition présidentielle en enfilant un manteau de l'armée de couleur kaki. Depuis, les images du président flottant dans le vêtement, trop grand pour sa petite taille, ont été tournées au ridicule par les caricaturistes de nombreux journaux.

«Il a toujours aimé utiliser les uniformes militaires et saluer le peuple, ça a toujours été le genre de chose qu'il aime, a affirmé M. Ackerman. Ça ne fonctionne pas très bien avec son physique, toutefois.»

Dans les vidéos, le message du président veut que le Mexique soit sécuritaire pour les touristes. «Cela s'inscrit dans la stratégie visant à faire la promotion du pays à l'étranger», a expliqué le porte-parole du ministère du Tourisme, Roberto Martinez.

L'industrie mexicaine du tourisme a bel et bien besoin d'être stimulée. Selon la banque centrale de ce pays, le tourisme étranger, qui n'inclut pas les visites des touristes des régions frontalières, se situait en 2010 à 6,3 pour cent sous le niveau de 2008. Pendant la première moitié de l'année 2011, il a connu une diminution de deux pour cent par rapport à la même période en 2010.

Les visites des bateaux de croisière ont également chuté de 9,3 pour cent, après que des escales dans les ports de Mazatlan et Puerto Vallarta eurent été annulées par de nombreuses compagnies.

Les analystes blâment le ralentissement de l'économie mondiale, qui touche l'industrie du voyage de plusieurs pays. Ils ont aussi pointé du doigt la violence en lien avec la drogue, qui a fait entre 35 et 40 000 morts depuis l'arrivée au pouvoir du président Calderon, en 2006.