Le quotidien des Népalais est imprégné de traditions et de ferveur religieuse. Chaque demeure possède son petit autel, chaque rue son alcôve abritant l'effigie d'un dieu, chaque quartier ses temples. Les coutumes religieuses semblent inchangées depuis la nuit des temps. Et le mélange des rites hindouistes et bouddhiques, qui se côtoient et se fondent, teinte le paysage de façon unique. Balade à Katmandou.

Dans l'aube naissante, les ruelles de Katmandou s'éveillent lentement. Contournant les vaches sacrées qui fouillent dans les ordures, les Népalais hindouistes se rendent au temple pour le rituel de la puja avec leurs offrandes: encens, fleurs, fruits, poudre de santal. Devant une statue représentant l'un des quelque 30 000 dieux de leur panthéon, ils se prosternent, allument de l'encens, lancent des grains de riz, sonnent des cloches et étendent de la poudre écarlate, qui leur servira aussi à se marquer le front d'un point rouge indiquant qu'ils ont accompli leur prière.

Un coin de rue plus loin, des bouddhistes marchent dans le sens des aiguilles d'une montre autour d'un petit stupa, surveillés par les yeux géants de Bouddha. En murmurant leur mantra sacré, certains tournent le moulin à prières qu'ils ont à la main, d'autres égrènent entre leurs doigts les billes de leur chapelet. Ils répandent aussi leur mantra en actionnant les roues de prières en bronze fixées au mur du stupa. Des fidèles allument des lampions au beurre devant des petits autels honorant les divinités.

Dans les rues, on croise aussi des hommes d'affaires en veston, mallette à la main, qui se rendent au travail avec leur tika au front. Des femmes qui vendent leurs légumes au marché en égrenant machinalement leur chapelet. Des commerçants qui font brûler de l'encens devant une statuette à l'entrée de leur magasin. Et qui, plusieurs fois par jour, vont faire une rapide offrande à une idole cachée non loin dans une niche ou dans un trou à même le sol.

Certes, le voyageur qui débarque pour la première fois à Katmandou risque d'avoir un choc. La ville est polluée et poussiéreuse, des tas de déchets nauséabonds jonchent les rues, la circulation est anarchique, les maisons sont délabrées, les pannes d'électricité sont quotidiennes et de nombreux Népalais vivent dans la misère.

Malgré tout, la magie opère! Katmandou grouille de vie, de couleurs et de sourires. Bien sûr, les odeurs d'égouts sont désagréables, mais elles sont vite masquées par des effluves d'encens. Oui, le bruit des klaxons nous agresse, mais on est charmé par les chants qui résonnent aux moments les plus inattendus. On maudit les motos qui foncent sur nous dans les ruelles encombrées, mais on s'amuse comme des fous pendant une balade en rickshaw. On se demande comment les maisons vétustes tiennent debout, mais on admire leurs frontons de bois sculptés.

Les artisans newars, les premiers habitants de la vallée de Katmandou, sont d'admirables bâtisseurs, sculpteurs et fondeurs de bronze, qui transmettent leur savoir de génération en génération. L'art a trouvé sa place dans les moindres recoins, ce qui donne l'impression de déambuler dans un musée à ciel ouvert, où les oeuvres sont des lieux de vie.

Pour plusieurs touristes, Katmandou est une étape vers les sommets de l'Himalaya, dont on aperçoit les pics enneigés par temps clair. Mais le pays attire aussi de plus en plus d'Occidentaux en quête spirituelle, qui s'offrent une retraite, un cours de yoga ou un stage de méditation dans un monastère. Même si ce n'est pas votre but, vous pourrez vous imprégner de l'aura mystique de l'endroit juste en vous baladant dans les rues.

KATMANDOU SACRÉ

Durbar Square

Près de Thamel, le quartier des touristes, Durbar Square est le coeur du vieux Katmandou. Une cinquantaine de temples aux toits multiples et aux sculptures extravagantes -notamment des scènes érotiques - s'entassent sur cette grande place, en face de l'ancien palais royal. Certains datent du XIIe siècle. Parmi les dieux qui sont à l'honneur: Shiva, le plus vénéré du Népal, Hanuman, le dieu-singe, Krishna, le joueur de flûte, et Ganesh, le sympathique dieu à tête d'éléphant.

Pashupatinath

Dédié à Shiva, c'est le plus important temple hindou du Népal. Il est situé sur les rives de la Bagmati, rivière sacrée pour les hindouistes et site de crémation. Les non-hindous ne peuvent entrer dans le temple lui-même, mais ont accès au reste du complexe. On peut y observer plusieurs rituels, notamment la crémation des morts sur les plateformes qui bordent la rivière, où les bûchers sont érigés et allumés. D'autres dévots s'immergent dans la rivière pour se purifier ou consultent des astrologues - les jyotishas - avant de prendre une importante décision.

Bouddhanath

Le plus imposant stupa du Népal est aussi le plus important sanctuaire religieux pour les bouddhistes du pays. Autour de son dôme circule un flot incessant de pèlerins en prière et de moines en robes écarlates. Des milliers de drapeaux de prière claquent au vent. Des chants et des sons de tambours, de gong ou de trompettes s'élèvent des nombreux monastères des environs - qui sont généralement ouverts aux visiteurs. On se croirait au Tibet! À la pleine lune, le stupa est décoré de lumières et les dévots allument des centaines de lampions au beurre.

Patan

En banlieue de Katmandou, Patan est la ville des artisans, qui peignent, sculptent, travaillent le bronze et fabriquent des bijoux dans leurs échoppes situées dans un labyrinthe de ruelles. Patan a aussi son Durbar Square - qui signifie «place du palais» -, où l'on peut voir un ancien bain royal en pierre orné de sculptures, une cour des sacrifices et un temple consacré au dieu de l'amour (Krishna Mandir).

Bhaktapur

Autre ville de banlieue, Bhaktapur a aussi été une cité royale. C'est celle qui a le mieux conservé son aspect médiéval, avec ses maisons de briques rouges aux fenêtres sculptées. Son Durbar Square est dominé par l'imposant palais royal, orné d'une magnifique porte décorée de bas-reliefs dorés. On trouve sur une place adjacente le temple le plus impressionnant de toute la vallée, Nyatapola, coiffé de cinq toits superposés. Il faut payer 15$ pour y entrer, une somme qui sert, nous dit-on, à la restauration des monuments.

Swayambunath

Dressé sur une colline qui surplombe Katmandou, ce lieu de pèlerinage bouddhique est aussi appelé temple des singes, en raison des nombreux primates qui y ont élu domicile - et tenteront de vous voler si vous transportez de la nourriture. Un long escalier permet d'atteindre le dôme blanc du stupa, surmonté des yeux de Bouddha, d'où la vue sur la vallée est magnifique.

Photo Isabelle Ducas, collaboration spéciale

Le temple hindouist Nyatapola, coiffé de cinq toits superposés, est le plus haut de la vallée de Katmandou.